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FULGURANCES D’APRÈS SILENCE

emprisonnement

Il semblerait que tout ne soit pas vivant, selon les scientifiques qui donnent trois conditions pour qu’une chose soit vivante dans ce film vu sur Arte* . Auparavant, j’avais tendance à ne pas trop faire de différence entre vivant et non-vivant, tout étant (pensais-je alors) vivant, puisque la vie est mouvement (selon moi) et que toute chose, même la plus (apparemment) inanimée est constituée d’un monde ultra petit extrêmement agité (atomes, etc). Mais bon. Admettons que le vivant soit distinguable (selon les critères énumérés dans le film précité, critères que je ne rapporterai pas ici). 

 

Mais outre ce qui le distingue du non-vivant, par quoi ce vivant se caractérise-t-il donc?

 

D’abord, cela semble aller de soi, par une conscience d’exister et un sentiment d’individualité qui peut être extrêmement primaire mais de plus en plus élaboré au fur et à mesure que l’on monte dans l’échelle de sophistication des espèces. 

 

Ensuite, tout être vivant serait (selon aussi les scientifiques dans ce film*), soit proie (la victime dont on se nourrit) soit agresseur et prédateur (celui qui se délecte de sa victime). Donc l’agression commence au plus bas dans l’échelle de la puissance et de l’intelligence, et elle est partout, jusqu’au plus hauts échelons. La souffrance aussi, par conséquent, chacun étant l’agressé d’un autre (et l’on ne parle ici que de la souffrance d’être proie potentielle pour un individu d’une autre espèce, il y a bien d’autres formes de souffrance, personne ne l’ignore, se penchant sur son propre cas : on peut être la proie d’un congénère ou victime de son agressivité, on peut être malheureux pour bien d’autres raisons aussi, relatives au corps ou subies par le mental). Retour donc ici, dit en passant, au Bouddha et à l’universalité de la souffrance (sa première noble vérité).

 

Mais revenons à l’agressivité, qui est un «fait» interspécifique mais aussi «intraspécifique» (se passant à l’intérieur d’une même espèce). Dans ce dernier cas, cela peut être intéressant à considérer quand il s’agit de l’espèce la plus au sommet de l’échelle par son intelligence et sa puissance (par exemple l’homme sur la Terre).

 

Il y a fort à parier que partout dans l’univers, sur chaque planète habitée, cette espèce au sommet utiliserait son intelligence pour se reproduire sans se restreindre (pourquoi résister à ce plaisir proposé par l’instinct alors que tout semble nous sourire ?) et pour allonger au maximum le temps de vie de ses membres (médecine performante), ce qui aurait pour résultat de rendre un jour l’environnement surpeuplé et de plus en plus invivable (tel les carrefours Léonard, les tours de Hong Kong, les slums de Dhaka) contribuant ainsi (dit en passant) à renforcer la violence nécessaire pour simplement survivre (rien de plus agressives que les perches naines dans un étang terrestre dévasté).

 

Elle utiliserait aussi son intelligence pour vivre dans le plus grand confort possible (quoi que l’on entende par là lorsqu’on s’éloigne de notre système solaire), au détriment des ressources de son environnement, ressources qu’elle exploiterait et épuiserait sans discernement (l’égo et donc l’intérêt étant plus fort que la modération quand il s’agit de soi, tout être vivant oubliant alors tout sens de la mesure). Sur terre, cela se traduit par un épuisement des combustibles fossiles, des mers, sols, forêts, nappes phréatiques, par l’extinction de bien des espèces autres que la nôtre, par un déséquilibre flagrant et délétère de biodiversité, par des sols, airs et eaux pollués, par des températures problématiques et une fenêtre climatique que nous sommes en train de quitter, fenêtre étroite nous permettant de vivre.   

 

Cette espèce (au sommet) utiliserait aussi son intelligence pour satisfaire ses instincts agressifs (que son intelligence ne lui a pas permis de vaincre) et s’entretuer avec une efficacité remarquable (proportionnelle en pouvoir destructeur à son intelligence calculatrice), ce qui augmenterait encore ses chances de disparaître (par exemple sur Terre, par des « bombes » chimique, atomique, bactérienne ou autres),  de disparaître avant de pouvoir s’extraire de sa planète pour aller en découvrir (en « coloniser » d’autres) et les détruire aussi, au final. 

 

Donc, sauf si l’intelligence permet d’augmenter très fort la longévité des individus les plus évolués d’une planète donnée (ce qui, après tout, est possible) et que ceux-ci ne s’entretuent pas jusqu’au dernier (ce qui est improbable sauf en cas de longévité étendue et rapidement gagnée, éventualité peut-être pas si souhaitable que cela par ailleurs), il y a fort à parier qu’aucune espèce ne quittera jamais les limites physiques de sa propre planète. 

 

L’interrogation de Fermi serait ainsi résolue : La terre ne sera jamais visitée par personne et nous, nous ne la quitterons jamais. Nous serons morts avant, victimes de notre intelligence trop brillamment mal employée et de notre agressivité atavique. Et c’est le cas pour tous nos voisins potentiels que nous ne connaîtrons jamais (sauf peut-être par les signes qu’ils nous ont envoyé, nous envoient en ce moment où nous enverront avant de disparaître et donc bien avant de partir vers nous, et cela pendant le court moment de notre existence sur terre où nous avions les moyens techniques d’être à leur écoute (100 ? 200 ans ?). 

 

Nous ne serrerons jamais personne d’un autre monde dans nos bras. Dieu ne nous permettra pas cela non plus, pas plus qu’il ne nous a donné une existence sans souffrance et dont on comprendrait la raison (de cette existence et de cette souffrance). Je préfère donc penser (bien que cela soit vertigineusement difficile) qu’il n’existe pas, ma façon à moi de lui trouver une excuse.

 

Autre hypothèse : Peut-être dieu met-il sur ses planètes (que l’on ne peut quitter pour les raisons évoquées plus haut) ceux qu’il veut punir en leur donnant vie-mystère et vie-souffrance (il nous a donné, à nous humains, les cruelles facultés de comprendre que nous ne pouvons comprendre le sens de « tout cela » et de nous rendre compte que nous allons mourir). Dieu existerait alors bel et bien et nous paierions par nos existences un mal que nous aurions fait (selon quels critères et critères de quoi ?). Peut-être aussi se venge-t-il sur nous de sa terrible fatalité d’être, lui, éternel ? Notre souffrance ne serait-elle alors là que pour le distraire et atténuer quelque peu son éternel ennui ? 

Cela en quelque sorte résoudrait le mystère de nos vies, ce qui serait un tant soit peu rassurant, car « tout cela » serait quelque peu logique (selon quels critères à nouveau, cette logique ?). Les planètes seraient des pénitenciers que l’on ne peut fuir et sur lesquels nous payons en étant condamnés à la vie**, une courte et misérable existence le plus souvent dont le sens nous échappera toujours. Les planètes seraient des Alcatraz, des Makronissos, une hypothèse parmi d’autres. Il faut bien chercher à comprendre et surtout, surtout (ce que dieu veut peut-être pour intensifier notre douleur) retourner sans cesse le fer dans la plaie en refusant d’admettre que ce mystère nous dépassera toujours et que chercher à le percer est nécessairement voué à l'échec, de se donner à ce dieu par lâcheté, de l’admirer, de l’aimer comme on aime son bourreau.

 

 

 

 

* : https://www.arte.tv/fr/videos/051146-003-A/l-odyssee-interstellaire-3-4/et https://www.arte.tv/fr/videos/051146-004-A/l-odyssee-interstellaire-4-4/, films proposés par Arte, le 17/8/19 

 

** : Et peut-être a-t-il tout compris celui que la plupart d'entre nous considère comme un fieffé crétin, ce gars qui, d’après les infos de ce matin (18/9/19), vient de se faire exploser dans un mariage (des dizaines de morts) la nuit dernière, espérant sans doute ainsi s’échapper, quitter la terre (le plancher des vaches afghanes) et rejoindre (par ce qui serait le seul chemin d’évasion, à savoir le suicide) son dieu et les 40 éphèbes toujours libidineux ou les quarante 40 vierges toujours lascives (au choix, selon les goûts du bonhomme) qu'il lui offre en remerciement de son amour pour lui, - 40, pour éviter de se lasser car au paradis, comme son propriétaire, on peut peut-être s’ennuyer aussi, sait-on jamais.

P.S. : Dans le billet du 20 août 2018 il était question d’une hypothèse.

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À propos
Marc

Photographe, écrivain, sophrologue et enseignant de raja yoga, j’ai bourlingué des années en Asie et vécu longtemps dans des ashrams indiens. Lecteur de toutes les philosophies et amoureux de tous les silences, je vous livre ici mes fulgurances d’après ... silence.
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