FULGURANCES D’APRÈS SILENCE
Le blog des « peut-être »
« ουτε τι των ανθρωπινων αξιον μεγαλης σπουδης »
« Rien des choses humaines n'est digne d'un grand empressement. »
Platon, République, X, 604
« Quand je m’y suis mis quelquefois, à considérer les diverses agitations des hommes et les périls et les peines où ils s’exposent, dans la cour, dans la guerre, d’où naissent tant de querelles, de passions, d’entreprises hardies et souvent mauvaises, etc., j’ai découvert que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. [ … ] »
Blaise Pascal, Pensées, 139
« Savoir s'interposer constamment entre les choses et soi-même constitue le plus haut degré d'un esprit sage et prudent. »
Fernando Pessoa, Le Livre de l'Intranquillité, 131
« Passé la trentaine, on ne devrait pas plus s'intéresser aux événements qu'un astronome aux potins. »
E. M. Cioran, Syllogismes de l'Amertume, IV, 2
« L’idéal serait que l’humanité entreprît de simplifier son existence avec autant de frénésie qu’elle en mit à la compliquer. »
Henri Bergson
Ces réflexions d’après silence, souvent inactuelles*, sont celles d’un sceptique, elles sont fixées comme elles viennent, puis relues et lustrées, mais pas trop.
Fulgurances:
« Je crois qu’aucun homme n’adopte jamais une attitude originale ni ne détecte un principe nouveau, sans ressentir un plaisir indicible, autant que sain et infini, qui l’informe du caractère noble de la vérité qu’il a perçue. »
La moelle de la vie. H. D. Thoreau
La méditation nous laisse parfois devant cette douloureuse alternative: ou la poursuivre en laissant s’envoler ces fulgurances qui nous viennent parfois comme autant d’exutoires d’un esprit en phase d’évidement, ou l’interrompre et tenter de les figer par la plume, elles qui, comme les rêves, demandent d’être saisies au plus tôt, quitte alors à mettre fin à l’état de grâce dans lequel elles sont nées. J’ignore pourquoi, mais j’ai toujours fait ce second choix.
Les notes étaient hâtivement jetées dans ces carnets à spirales qui ne me quittent jamais depuis la pénombre de l’aube, assis dans le grand silence du monde, jusqu’aux réveils nocturnes ponctués de « Mais oui, bien sûr ! ». Plus rarement, c’était en plein jour qu’elles naissaient. Toujours, il y avait cette succulence étrange et reconnaissable …
Ces fulgurances se sont accumulées au fil des ans. En voici le résultat, saupoudré au jour le jour (avec parfois une fulgurance du jour même); une partie du résultat, faudrait-il plutôt dire, car n’ont été sélectionnées pour ce blog que celles qui gravitent - sur de très larges orbites, c’est entendu - autour du concept de méditation*.
Méditation:
On parle beaucoup de méditation. Mais la pratique-t-on pour autant?
Et puis que faut-il entendre par méditer? Est-ce seulement réfléchir? Ou faut-il aller voir aussi ce qu’en dit l’Orient? S’agissant alors d’une assise apprêtée, doit-on en escompter des bénéfices? Ou est-ce quand même, comme certains le pensent, l’activité désintéressée par excellence?
Plus généralement, est-ce une forme de relaxation? D’auto-hypnose? D’auto-thérapie? Voire de prière? Est-ce une entreprise de déconditionnement? Une revanche sur le temps qui file? Une façon de réaliser que nous désirons avant tout la paix de l’esprit?
S’agit-il, en méditant, de vaincre la souffrance névrotique ou la souffrance existentielle ou les deux?
Est-ce le « moyen » de découvrir que le silence est moins une absence de bruits qu’une absence de pensées? Ou celui de revenir à cette âme que nous sommes en train de perdre à force de nous détourner de nous-mêmes, divertis que nous sommes par un monde de plus en plus tentateur, sollicitant, intrusif?
Ces questions sont abordées ici au compte-gouttes (formule blog oblige), à raison de quelques fulgurance par mois, dans un esprit non conditionnant. Et les textes sont assez concis. Ca tombe bien, vous êtes pressé(e) !
Pour la pratique de l'assise en silence et sa préparation (par le hatha yoga traditionnel étudié en Inde) en Belgique, voici comment nous contacter:
http://fautedemieux.over-blog.com/page-35088.html
*: Comme pour le méditant, les faits pour certains écrivains sont du bruit. Paul Morand le savait bien (Propos des 52 semaines, Editions du milieu du monde, Genève, 1943 (p. 12)) et Paul Valéry aussi, dont il rapporte un aveu qu’il lui avait fait : « Je hais l’événement. »
Mais sur ce blog dédié au concept de méditation je n’ai pu toujours faire abstraction de ce bruit et m’empêcher de m’insurger quand les événements menacent le monde du silence.
Seules donc, et par faiblesse je l’avoue, les atteintes des religions aux libertés de penser et de s’exprimer d’une part, et de l’autre, les agressions de la pensée vénale (et véreuse) envers l’intégrité de la nature m’ont fait parfois déroger à cette exigence d’inactualité.
Ces deux sujets sont « hors sujet » certes, mais au fond, peut-être moins qu’il n’y paraît car beaucoup trop de gens ont l’esprit conditionné par des superstitions d’un autre âge ou par la recherche constante de la satisfaction de l’égo possédant. Ces obsessions profanatrices inhibent toute écoute des exigences du mental à faire roue libre et donc, in fine l’empêchent de trouver cet indicible silence sans lequel rien de bon, de précieux et de sacré ne peut advenir à l’homme.
Photographe, écrivain, sophrologue et enseignant de raja yoga, j’ai bourlingué des années en Asie et vécu longtemps dans des ashrams indiens. Lecteur de toutes les philosophies et amoureux de tous les silences, je vous livre ici mes fulgurances d’après ... silence.
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