FULGURANCES D’APRÈS SILENCE
8 Avril 2009
L’important, au fond, est sans doute moins ce que l’on a fait et qui restera de nous - Les grands hommes, leur postérité qu’ont-ils à en faire, au fond, quand ils sont six pieds sous terre ? - que tout simplement l’idée que l’on aura de sa vie aux alentours de son dernier souffle: a-t-on été grand selon ses propres critères à ce moment-là?
Si la réponse est oui, ne sera-ce pas là notre seule victoire de petit vivant sur la mort éternelle?
Vivant, il s’agirait donc de se façonner ces fameux critères de la plus astucieuse des manières, entendez par là de telle sorte que l’on soit à même d’y répondre sans trop de difficultés, mais avec une certain courage quand même (courage dont on pourra alors aussi être fier au moment de départir), même si ce courage ne nous a pas amené loin de façon intrinsèque (cette appréciation dans l’absolu n’étant pas tellement importante, comme nous le montrent Thoreau, Jung et Cioran que vous lirez plus bas).
Cette constitution de critères; et la façon d’y répondre; et faire en sorte de ne pas stupidement rater la sortie au dernier moment, une vie de méditation n’est-elle pas juste suffisante pour les mener à bien?
“In accumulating property for ourselves or our posterity, in founding a family or a state, or acquiring fame even, we are mortal; but in dealing with truth we are immortal and need fear no change nor accident.”
(Henry D. Thoreau)
« Il est de peu d’importance que je fasse carrière ou que je réalise de grandes choses pour moi-même. Ce qui importe pour ma vie et lui donnera son sens, c’est que je vive le plus pleinement possible pour épanouir le Divin en moi.
Cette tâche me donne tant à faire que je n’ai de temps pour aucune autre. Si nous vivions tous de la sorte, nous n’aurions besoin ni d’armées, ni de police, ni de diplomatie, ni de politique, ni de banques. Nous aurions une vie pleine de sens, et non ce que nous avons aujourd’hui - la folie. »
(C. G. Jung)
« Mes livres, mon œuvre… Le côté grotesque de ces possessifs.
Tout s’est gâté dès que la littérature a cessé d’être anonyme. La décadence remonte au premier auteur. »
(Cioran, Aveux et Anathèmes, Gallimard, Arcades, 1987, p. 104)
P.S. Le billet du 8 avril 2008 posait une (autre) question essentielle.
Photographe, écrivain, sophrologue et enseignant de raja yoga, j’ai bourlingué des années en Asie et vécu longtemps dans des ashrams indiens. Lecteur de toutes les philosophies et amoureux de tous les silences, je vous livre ici mes fulgurances d’après ... silence.
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