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FULGURANCES D’APRÈS SILENCE

résistance

"Quand je joue aux cartes sur l’ordinateur, par exemple au Solitaire, le pourcentage de parties gagnables en un laps de temps donné est programmé. Autrement dit, c’est l’ordinateur qui est maître du jeu : je joue parce qu’il le veut bien, je gagne quand il le veut bien. Je ne joue pas avec lui, il joue avec moi, il se joue de moi.

Ceci n’est pas un cas rare de la technique se jouant de moi. En réalité, elle a pris le dessus sur mes jours, depuis mon réveil (dont elle se charge d’ailleurs). Ma montre, l’interrupteur qui me donne la lumière, ma domotique, mes transports, mon boulot, mes loisirs, cet ordinateur (et ses foutus jeux de cartes), mon « grand frère » smartphone (Orwell), etc…:  cette technique que j’utilise dans mon quotidien, n’en suis-je pas le jouet en plus d’en être dépendant et l’esclave ? La technique me dicte ma vie."

 

Pour l'homme, quand cette dictature a-t-elle commencé ? Peut-être quand il a inventé le temps en lui donnant un nom. La technique est la fille de celui-ci, qui a commencé son œuvre dominatrice peu de temps (le voilà déjà) après qu’il lui ait donné la vie.

Jusqu’à il y a peu ce n’était pas grave. C’était même plutôt bien. Elle nous a bien servi, la technique (peut-être trop quand même car nous avons déjà saccagé notre environnement grâce à elle). Mais aujourd’hui elle nous manipule, colore notre vie, la conditionne, la détermine, se rend non plus seulement indispensable mais insidieusement envahissante. Nous ne pouvons même plus nous passer du smartphone pendant que nous mangeons. Demain, nous ferons l’amour, la peur au ventre de manquer un message. Que cela nous coupe nos élans ne sera qu’un mal bien moindre que celui de n'avoir plus été pendant un moment en prise directe avec le monde. Et devenus captifs de nos dérives, vérifier nos messages dès nos ébats terminés sera notre premier réflexe. Je n’ose imaginer les étapes suivantes de notre servitude.

Cela ne veut pas dire qu’il ne faut plus utiliser la technique, ce qui est impossible, mais il serait judicieux d'être conscient de notre dépendance et ne jamais l’accepter de façon non consciente et sans aucun sentiment de (légère) culpabilité et de honte. Cela nous mènera vers plus de simplicité, seul moyen aujourd’hui de la contrer un tant soit peu, elle qui, au fond, nous a déjà vaincu car on ne peut rien faire contre elle, c’est-à-dire sans elle. (Ce sera donc une lutte perdue d’avance. Nous pouvons seulement freiner quelque peu l’avènement de sa victoire définitive, c’est-à-dire de notre inhumanité, de notre suicide collectif, de notre extinction (en tant qu’espèce).)

 

"Mon dernier espace de liberté, c’est la méditation, ce lieu où je ferme la porte à la technique. La méditation est le lieu où je prends conscience de l’accaparement de ma liberté par la société technicienne. Et cette prise de conscience est ma chance : c’est elle qui me rend libre.

Méditer aboutit à être libre et cette liberté retrouvée par la prise de conscience de mon esclavage d’auparavant devient ma vie. Le méditant devient libre par sa méditation, puis le reste parce qu’il ne cesse d’être attentif, sur ses gardes. Résistant."

 

 

 

 

P. S. : Dans le billet du 5 décembre 2013, il était question de concentration.

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À propos
Marc

Photographe, écrivain, sophrologue et enseignant de raja yoga, j’ai bourlingué des années en Asie et vécu longtemps dans des ashrams indiens. Lecteur de toutes les philosophies et amoureux de tous les silences, je vous livre ici mes fulgurances d’après ... silence.
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