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FULGURANCES D’APRÈS SILENCE

efficacité

Méditer, est-ce une activité ou un acte passif?

Considérons cette question dans le contexte d’absence d’avenir, pour ne pas dire de fin du monde, aujourd’hui.

Certains philosophes prétendent qu’à condition bien entendu qu’elles soient abordées avec lucidité et intelligence, les utopies sont là pour construire un monde meilleur et que sans elles il n’y a pas d’espoir.

Coréalisateur du documentaire Demain, Cyril Dion concède, lui, que "les gens ne veulent plus qu’on leur dise que les choses vont mal. Tout va déjà trop mal... " Son film a beaucoup de succès, il parle de démarches positives à l’œuvre pour redonner "du sens" à la vie en montrant des gens vivant de façon frugale et conviviale.

Quant au photographe Yann Arthus-Bertrand, lui aussi conscient des défis qu’il faut relever, il dit qu’ "il est trop tard pour être pessimiste".

C’est donc clair pour un certain grand public: il faut faire quelque chose, qu’il soit trop tard ou pas. Parmi ceux qui veulent penser qu’il n’est pas trop tard on dénombre beaucoup de jeunes gens et de parents potentiels, les premiers parce qu’ils ont encore une longue vie devant eux et les seconds parce qu’il est leur serait difficile de ne pas répondre à l’instinct de reproduction qui tout naturellement les anime. Il faut « faire sa part » comme le colibri évoqué par Pierre Rabhi, qui sait qu’il n’éteindra pas la forêt en flammes avec ses gouttes d’eau mais qui fait comme si.

Faut-il être un pessimiste lucide ou un optimiste aveugle? S’il est préférable sans doute de choisir la première attitude, il sera alors judicieux d’être désespéré (dans le sens premier de sans espoir et non pas de le sens pathologique du terme), mais pas résigné.

Même si on juge son attitude à l’aune de notre anthropocentrisme, le colibri n’est pas stupide, il est dans l’instant, et dans l’instant c’est l’instinct qui joue. Peut-être devrions-nous, humains, faire la même chose. Pour une fois écouter le colibri, oublier que le temps existe et qu’il est trop tard. Et agir en conséquence. Et peut-être alors trouvera-t-on dans la chute vertigineuse qui nous attend, une branche que l’on n’avait pas vue et à laquelle on se raccrochera. Peut-être.

Et la méditation dans tout ça? Pourrait-on faire l’impasse sur elle dans ce temps de chute? N’est-ce pas elle qui pourrait nous redonner de l’instinct, qui nous ferait reprendre goût à l’instant? N’est-ce pas elle que nous apprécierions dans une existence revenue à la simplicité, sur un vélo, dans un champ de permaculture, dans des rapports conviviaux et bienveillants, dans des échanges de service locaux, dans le chant du merle, dans les parfums du printemps? N’est-ce pas elle qui nous fera retrouver le légendaire non-agir de Lao-tseu que l’on a si dramatiquement perdu, une des vertus de ce Tao qui n’a pas de nom, que personne ne peut décrire, qui ne fait rien mais sans lequel rien ne peut être fait et aucune vie ne peut s’épanouir? Nous agissons même quand nous sommes assis tranquillement sans rien faire (akarma). « Celui qui voit l’action dans l’inaction et l’action dans l’inaction est un homme sage. Un yogin et il a accompli toute sa tâche », dit la Bhagavadgita (en IV, 18).

 

 

 

 

P.S.: Dans le billet du premier avril 2009 il était de question de yoga: perfectionnement.

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À propos
Marc

Photographe, écrivain, sophrologue et enseignant de raja yoga, j’ai bourlingué des années en Asie et vécu longtemps dans des ashrams indiens. Lecteur de toutes les philosophies et amoureux de tous les silences, je vous livre ici mes fulgurances d’après ... silence.
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