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FULGURANCES D’APRÈS SILENCE

ordinarité

Au début, quand on médite on trouve cela extraordinaire (et cela est dû peut-être en partie à la fierté d’avoir « tenu si longtemps », même si ce n'est que quelques minutes, immobile, silencieux). Avec de la pratique, on en arrive à trouver cela ordinaire. Bien sûr, on pourrait dire pour la beauté de la formule brève: dans les deux cas c’est bien. Et conclure ainsi.

Mais ce serait passer à côté d’une question essentielle: Lorsque l’on retire une impression d’ordinarité de sa méditation, est-ce parce que l’on devient blasé et que cette dernière, devenue routine, ne nous marque plus, ne nous apporte plus rien? Ou est-ce parce que la vivre comme une activité sans relief (mais perçue comme essentielle quand même) est la manifestation d’un progrès, comme si un certain pas avait été  franchi, comme si un certain équilibre psychologique (consécutif à une meilleure compréhension de soi et à un diminution de l’importance que l’on donne à son propre « petit tas de secrets ») ayant été atteint, il ne restait plus qu’à entretenir et poursuivre un autre but, fort flou celui là, pour ne pas dire nécessairement indéfini, car il y a de moins en moins « quelqu’un » pour rechercher et définir quoi que ce soit?

P.S.: Dans le billet du 5 août 2010 il était question de liquidation.

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À propos
Marc

Photographe, écrivain, sophrologue et enseignant de raja yoga, j’ai bourlingué des années en Asie et vécu longtemps dans des ashrams indiens. Lecteur de toutes les philosophies et amoureux de tous les silences, je vous livre ici mes fulgurances d’après ... silence.
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B
I wonder who has done that carving on that sculpture. It indeed looks very accurate and specifically attractive to the eye. Thanks a lot for sharing this picture. I would like to see more of such sculptures and carvings.
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M
This Buddha comes from China. What about you?
F
Vraiment on trouve cela ordinaire ?<br /> Ce n'est pas mon expérience.<br /> Toutefois, je vois l'intrusion de l'ordinaire dans la méditation de deux manières :<br /> <br /> Il y a en effet le plus souvent une première(s) expérience qui est de l'ordre du &quot;super&quot;. Pour les raisons invoquées dans ton billet ou pour le fait que cela a un effet relaxant (pour bcp nous commençons la méditation pour apaiser un esprit mal en point ;o) )<br /> Le pb est qu'ensuite rapidement on commence à &quot;voir&quot; l'esprit fonctionner et là cela devient &quot;insupportable&quot;, bcp arrêtent à ce moment là, pour les autres, c'est à ce moment, il me semble, que commence réellement la démarche de méditation (vers l'éveil).<br /> Dans cette démarche on passe le plus souvent par des moments compliqués entre &quot;soi et son mental&quot; (ou son corps, ou ses émotions, tout dépend de l'histoire de chacun), quand cela devient &quot;ordinaire&quot; (ou habituel) c'est que souvent le mental a réussi à construire une protection pour que la méditation ne le dérange pas, pour qu'il ne s'y passe rien de &quot;grave&quot;.<br /> Pour ceux qui persévèrent, parfois ;o) il arrive que &quot;cela lâche&quot;, alors chacun en ressent une manifestation particulière (et cela est de l'ordre de l'intime et de l'indicible) comme &quot;rien ne bouge, tout est stable&quot; ou &quot;lumière&quot; ou encore &quot;tout éclate&quot; etc<br /> mais qq chose d'extraordinaire dans une posture ordinaire.<br /> <br /> Sinon, le zen (une des voies du bouddhisme) est une voie de l'ordinaire, mais pas au sens de &quot;habituel et sans effet&quot; mais au sens qu'il n'y a rien à ajouter à la vie, mais au contraire abandonner tout ce qu'on y rajoute pour fuire cette sensation d'ordinaire, de temps qui passe, d'impermanence, de fragilité.<br /> <br /> chaleureusement à toi<br /> <br /> Frédéric
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F
;)
M
Merci pour ton commentaire, cher Frédéric, sur lequel, comme d’habitude il y a tant à dire. Je vais essayer d’être bref :<br /> 1) Concernant « l’enseignant en méditation », il me semble, moi, que l’enseignant, doit être l’enseignement même. C’est avant tout ainsi qu’il pourra m’aider, et je dirais même que c’est seulement ainsi qu’il le fera. C’est particulièrement vrai pour ce sujet à « enseigner » qu’est la méditation; et aussi du point de vue oriental, me semble-t-il, où il est acquis que l’homme est ce qu’il fait et non ce qu’il dit. Par exemple la Bhagavad gita (XVII.3) dit « ... Man is of the nature of his faith: what his faith is, that, verily, he is. » Dans le sous-continent indien, j’ai souvent remarqué que l’air du temps avait implicitement ce parfum de non-dualité, d’existentialisme (« L'homme est ce qu'il fait et rien d'autre que ce qu'il fait, » disait le trop peu lu Camus.) avant la lettre, pourrait-on dire. <br /> Chez nous, un ami me disait récemment qu’il suivait une formation en « yoga » à 8000 dollars l’an (avec un prof américain) et qu’il payait ce prix parce que cela les valait, il estimait que « la qualité se paie ». Vision typiquement occidentale, lui ai-je répondu (après, ayant défailli, être revenu à moi). Pour l’Orient [d’où vient le yoga authentique (et c’est vrai aussi pour la méditation), il ne faudrait pas l’oublier] un bon « cours » n’est pas un cours, mais un exemple de non-vénalité, de compassion, de bienveillance et d’amour (etc…). (A noter qu’on dit suivre un cours, mais aussi suivre un exemple). Je pense aussi que la méditation (pour reparler d’elle) ne s’apprend pas mais apprend (autre dichotomie Orient-Occident), mais c’est un autre débat.<br /> 2) D’autre part, je suis tout à fait d’accord avec toi quand tu dis que quitter cet « état » (pour écrire) est éviter d'aller là où il n'y a plus de « fond de tonneau » et que c’est intéressant de le faire, essentiel même. « From the words, you must jump into the void, this is the way », disait un (autre) beau parleur (que Trungpa: Rajneesh, cité de mémoire). Mais comment le faire lorsque l’on ne vit pas une méditation « sans objet »? La méditation n’est-elle pas multiple et est-on toujours au bord du gouffre, disposé à sauter dans le vide rajneeshien? La méditation n’est-elle pas aussi parfois une réflexion qui s’invite et dont on perçoit l’intérêt qu’il y a à ne pas lâcher cette intuition que l’on voit venir (de l’au-delà du fond ?)? « Nous comprenons les concepts par leurs limites. » disait Niels Bohr. Alors un carnet s’impose pour celui qui poursuit sa réflexion dans la longueur et qui a besoin de se relire après chaque paragraphe pour mieux structurer une pensée parfois complexe (même si elle peut presque toujours trouver une forme définitive assez concise). <br /> Sur ce blog, je ne limite pas le champ de ma recherche, certes je pratique la méditation - ou plus exactement, la non-pratique (je sais que tu me comprends) – mais je la vois aussi comme un concept philosophique intéressant, peut-être le plus vaste de la philosophie (cet art de … méditer, par excellence) parce que justement il englobe deux univers mentaux malheureusement toujours fort éloignés l’un de l’autre (et que j’ai la chance de connaître un petit peu).<br /> 3) Enfin, ce que tu me dis sur le plaisir égoïste que tu as à me lire et bien, cela me fait fort plaisir et me donne l’occasion d’un tout gros clin d’œil: refusant le grand plongeon pour écrire mes fulgurances et te les donner à lire, je serais en quelque sorte le bodhisattva* (concept mahayaniste) refusant la libération tant que tous les êtres ne sont pas libérés, alors que si j’avais plongé, me libérant seul tel un arhat* (concept hinayaniste), mon silence n’aurait servi à personne, ou plus exactement qu’à moi-même. <br /> Ahaha! Que ne lit-on pas comme bêtises sur ce blog !<br /> Avec toute mon amitié et mes remerciements pour ta patience et ton intérêt,<br /> Marc<br /> *: http://fautedemieux.over-blog.com/article-13642443.html<br /> **: http://fautedemieux.over-blog.com/article-13664785.html
F
Merci Marc de ta réponse à mon clin d'oeil.<br /> Pour les &quot;vices&quot; de CT, s'il n'y avait que l'alcool (lire le livre de son épouse, sorti il y 3/4 ans) mais je n'attends pas d'un enseignant (en méditation) qu'il soit parfait, sinon j'attendrais encore ;o) mais qu'il soit capable de m'aider à lâcher prise, les méthodes sont parfois surprenantes, mais j'ai l'impression (et &quot;me&quot; le suis prouvé) d'avoir toujours la capacité de dire &quot;non&quot; à quiconque, autrement dit lâcher prise n'est pas soumission.<br /> Pour ton texte de début de blog je ne m'en souvenais plus, mais il décrit parfaitement ce qui se passe en général, je reste persuadé que quitter cet &quot;état&quot; est éviter d'aller là où il n'y a plus de &quot;fond de tonneau&quot;, et que cela nous aide (ou plutôt nous empêche ;o) )<br /> d'un autre côté (complètement égoïste) je suis bien content que tu choisisses cette solution, puisque je trouve que cet oeuvre (ce blog tiré de toute cette production) est bien riche pour moi à lire.<br /> donc d'un point de vue égoïste je dirais &quot;tant mieux&quot;, d'un point de vue &quot;cheminant sur la Voie&quot; je dirais, non il vaut mieux même abandonner cela :oD<br /> <br /> merci encore à toi Marc<br /> au plaisir<br /> chaleureusement<br /> <br /> Frédéric
M
Chogyam Trungpa n’est peut-être pas le bon exemple à citer ici, cher Frédéric, lui qui était alcoolique, si je ne m’abuse. Personnellement si c’avait été moi assis près de lui, je lui aurais dit de se mêler de ses affaires et j'aurais continuer à écrire.<br /> La critique est facile, … Laissons dès lors les donneurs de leçon à leurs propres estrades.<br /> Il y a d’ailleurs moyen de psychanalyser chacun (sauf peut-être toi (clin d'oeil)) au départ de ses habitudes. Je n’ignore pas que des notes jetées dans un carnet à spirales peuvent être mentionnées par le premier venu voulant avoir le dernier mot sur quelqu’un qui fait l’apologie du vide, d’où ce texte que tu trouveras toujours sur la page d’accueil de mon blog pour tenter de cerner l’habitude de ces fulgurances, une sorte d’excuse a priori pour tous ces billets commis de 9 ans :<br /> « La méditation nous laisse parfois devant cette douloureuse alternative: ou la poursuivre en laissant s’envoler ces fulgurances qui nous viennent parfois comme autant d’exutoires d’un esprit en phase d’évidement, ou l’interrompre et tenter de les figer par la plume, elles qui, comme les rêves, demandent d’être saisies au plus tôt, quitte alors à mettre fin à l’état de grâce dans lequel elles sont nées. J’ignore pourquoi, mais j’ai toujours fait ce second choix. <br /> Les notes étaient hâtivement jetées dans ces carnets à spirales qui ne me quittent jamais depuis la pénombre de l’aube, assis dans le grand silence du monde, jusqu’aux réveils nocturnes ponctués de « Mais oui, bien sûr ! ». Plus rarement, c’était en plein jour qu’elles naissaient. Toujours, il y avait cette succulence étrange…<br /> Ces fulgurances se sont accumulées au fil des ans. En voici le résultat, saupoudré au jour le jour (avec parfois une fulgurance du jour même); une partie du résultat, faudrait-il plutôt dire, car n’ont été sélectionnées pour ce blog que celles qui gravitent - sur de très larges orbites, c’est entendu - autour du concept de méditation. »<br /> Très amicalement, <br /> Marc
F
En fait, peut-être, tout ceci est encore plus déstabilisant que tu ne le dis <br /> car peut être que les fulgurances sont encore une accroche du mental ;o)<br /> Je ne sais plus quel auteur célèbre qui avait rencontré Chogyam Trungpa et qui lui avait demandé l'autorisation de garder près de lui pendant les méditations son petit carnet pour noter ce qui apparaissait grâce aux méditations (lorsque j'ai entendu cette histoire, j'ai pensé tout de suite à tes fulgurances, même si je ne suis pas sûr que tu aies un petit carnet de moleskine toujours près de toi ;o) )<br /> Chogyam lui a demandé de voir ce carnet. Il l'a regardé et l'a gardé en disant qq chose comme &quot;abandonnez même cela !&quot; ;o)<br /> amitié d'un autre JE chercheur de rien ;o)<br /> Frédéric
M
Merci pour ce commentaire très intelligent, cher Frédéric. Un peu déstabilisant pour moi aussi (et donc précieux), quand tu détruis mon argumentation en disant que « quand cela devient &quot;ordinaire&quot; (ou habituel) c'est que souvent le mental a réussi à construire une protection pour que la méditation ne le dérange pas, pour qu'il ne s'y passe rien de &quot;grave&quot; ». A méditer donc pour voir si je vais (enfin) culpabiliser et me dire que oui, je devrais chercher à vivre une méditation qui me dérange pour ne pas construire de protection et que quelque chose de « grave » se passe (quelque chose d’extraordinaire s’est passé mais il y a bien longtemps, que j’ai décrit dans un livre : « L’autre rive de nulle part » aux Editions Dricot, mais ce n’est pas cela que j’oppose à l’ordinarité décrite dans ce billet). Mais à première vue et avant méditation plus approfondie, ma réponse est: Dans quel but? Qu’est-ce que je recherche et qui est ce « je » qui recherche? Cette protection qui me culpabiliserait et dont j’aurais à me défaire, au fond ne serait-elle pas l’œuvre de mon mental particulièrement imaginatif (et créateur d’illusion), et ne serait–ce pas ici la bonne raison (le cœur du problème que tu décris, peut-être) que je (toujours ce foutu mental) me donnerais car j’aurais besoin de me motiver pour « poursuivre »? Les réponses à ses questions (surtout aux deux premières, les autres en découlant) ayant été éventuellement trouvées la pratique ne deviendra-t-elle pas alors ordinaire, à l’instar de celui qui s’assied et qui n’attend rien?<br /> D’autre part, pour moi, continuer une pratique dans l’ordinarité (un mot rare et qui souligne la pauvreté de la langue française et que j’ai hésité à utiliser mais ses synonymes les moins mauvais (banalité, normalité) ne paraissaient pas assez adéquats, ni choquants) me semble particulièrement esthétique (philosophiquement parlant), pour le désintérêt que l’on y porte et qui nous transporterait de facto dans une autre dimension de nous-mêmes.<br /> « Par le non-mental, la tâche est accomplit d’elle-même, » dit un jour Hui-neng à Ling-chiao. « Bouddha non plus n’a pas de mental. »<br /> Il en reste peut-être dès lors plus qu’à s’asseoir tranquillement. Tranquillité, tiens, peut-être ainsi que j’aurais dû intituler ce billet qui m’a valu un si pénétrant commentaire de ta part.<br /> Très amicalement, <br /> Marc