FULGURANCES D’APRÈS SILENCE
5 Décembre 2012
« […] Les anciens penseurs Epicure, Sénèque ou même les Aymaras disaient : ‘Celui qui est pauvre n’est pas celui qui possède peu, mais celui qui a besoin de beaucoup et qui désire toujours en avoir plus.’ […] » : Voilà ce que soulignait José Mujica, le président de l’Uruguay, en juin 2011 à la conférence sur le développement durable à Rio et que nous rappelle le Courrier International de cette semaine (numéro 1152) dans un dossier consacré à cet homme hors du commun, de la stature sans doute d’un Gandhi ou d’un Mandela.
Je trouve cette remarque extraordinaire car elle nous décille et nous fait voir le monde d’aujourd’hui comme celui qu’il est vraiment: non pas celui de l’abondance consumériste mais celui de insatisfaction permanente. Qui en effet se satisfait encore de ce qu’il a? Qui n’est pas tenté chaque jour par les vitrines du désir et victime de ces besoins que l’on nous crée, ces smartphones qui savent tout faire sauf le café, ces tablettes que l’on voudra pour Noël, dernier délai?
Pour le raja yogi aussi le contentement (samtosha) et le renoncement à tout superflu (aparigraha) devraient être la règle. Mais, signe funeste des temps, qui s’assied encore aujourd’hui en silence sans rechercher quelque chose dans sa méditation, que ce soit l’équilibre, la paix, la sagesse, l’illumination ou que sais-je encore? Qui s’assied encore pour rien, strictement pour rien, si ce n’est peut-être pour le simple plaisir de s’asseoir (là où l’équilibre, la paix, la sagesse et l’illumination se rejoignent dans un point de pure présence, de pur présent)?
Cherchez l’homme, président, yogi, quidam, qui est heureux de ce qu’il a et conscient qu’il est. Là est le sage qui sauvera le monde, s’il en est encore temps.
P.S.: Le billet du 5 décembre 2007, très concis, vous faisait part d’une hésitation.
Photographe, écrivain, sophrologue et enseignant de raja yoga, j’ai bourlingué des années en Asie et vécu longtemps dans des ashrams indiens. Lecteur de toutes les philosophies et amoureux de tous les silences, je vous livre ici mes fulgurances d’après ... silence.
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