FULGURANCES D’APRÈS SILENCE
18 Février 2011
Les religions sont le moyen le plus efficace de conditionner, de manipuler et d’abrutir les masses. Pour diriger un tel mouvement il faut deux « qualités »: un cruel cynisme et une authentique conviction (Ahmadinejad, Benoît XIII, etc…). Dans ces « moyens » il faut bien entendu inclure l’hindouisme, quoique celui-ci ait une circonstance très légèrement atténuante: voilà une religion qui se contente de méfaire à domicile, qui ne recherche pas de proie extérieure à sa sphère d’influence.
C’est aussi la seule religion où – en cherchant bien – on peut découvrir un joyau en son sein: un moyen réel de déconditionnement, de libération et d’ « illumination » (dans le sens de rendre lucide), non pas des masses (à l’impossible nul n’est tenu) mais de l’individu.
Quelqu’un m’a dit un jour en Inde qu’étudier les Yoga sutras de Patanjali et la Bhagavad Gita de Vyasa suffit à rendre l’homme libre et spirituel. Alors que le second texte fait l’apologie de différents chemins de libération (margas), le premier en préconise un seul: la voie de la méditation (dhyana marga) qu’il étudie avec un génie que j’admire encore chaque jour. Avec de précieuses aides (et beaucoup d’assise en silence) j’en ai compris peut-être dix pour cent. (C’est peu mais c’est sans doute parce que 1) je ne me suis pas donné suffisamment de peine, n’étant resté que quelques années au pays du Dharma éternel, l’autre nom de l’Inde, seul environnement susceptible de nous aider à comprendre cet ouvrage qui, quoique de portée universelle, nécessite d’être considéré dans le contexte culturel de son émergence; et parce que 2) ce pays du Dharma éternel n’est sans doute plus tout à fait ce qu’il était, les homme sages, là aussi, se faisant rares. )
Quoi qu’il en soit, ces yogas sutras, pour les aborder, il faut, à mon humble avis, deux conditions:
1) Comprendre que les ouvrages d’hatha yoga (qui leur sont postérieurs) et qui se réclament de leur autorité, ne doivent pas occulter l’original de Patanjali et même qu'ils sont, pour tout dire, sans le moindre intérêt. (Que dire en effet de l’escalade de galipettes qu’ils préconisent sous prétexte que ces « asanas » dignes d’amuseurs de cirques chinois vont nous amener plus prêt du divin? N’ont-ils pas compris, les auteurs de ces textes décadents - qu’apprécient de façon assez incompréhensible les Occidentaux -, que la souplesse n’est pas une fin en soi et encore moins un sujet de fierté, mais simplement la condition d’un bon port pour méditer?)
2) Être normal, condition nécessaire: j’entends par là ne pas être pathologiquement atteint dans son psyché; et condition suffisante: nul besoin d’être déjà libéré de son aliénante normalité, être encore capable de s’en extraire suffit.
Alors toutes les chances sont de notre côté pour entreprendre une auto-psychothérapie par le raja yoga avec l’aide de Patanjali (et éventuellement aussi avec l’aide de Vyasa) et devenir, un jour peut-être, véritablement spirituel, totalement humain.
P.S.: Le billet du 18 février 2010 parlait de coexistence. Il y était question de prédestination et de libre arbitre.
Photographe, écrivain, sophrologue et enseignant de raja yoga, j’ai bourlingué des années en Asie et vécu longtemps dans des ashrams indiens. Lecteur de toutes les philosophies et amoureux de tous les silences, je vous livre ici mes fulgurances d’après ... silence.
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