incongruité

L’intellectuel, selon le dictionnaire, est une personne qui, par goût ou par profession, se consacre aux activités de l'esprit. Idéalement, c’est donc quelqu’un qui fait usage de la raison et qui envisage les choses de façon dépassionnée, en faisant abstraction de ses préjugés. Sans être nécessairement un matérialiste pur et dur et renier toute idée de mystère, de transcendance ou de sacré, l'intellectuel se doit de ne pas verser dans l’irrationnel mais d’exécrer toute forme de pensée superstitieuse, de crédulité et de fanatisme.

Intellectuel et bigot : bien que l’on rencontre dans les religions monothéistes des romanciers et des poètes - certains de grande valeur - qui se sont dit juifs, chrétiens ou mahométans, l’association de ces deux concepts pour qualifier un individu m’a toujours choqué et paru incongrue, comme quand on évoque un boucher végétarien ou un sportif fumeur.

Les religions monothéistes, parce qu’elles prônent une croyance inconditionnelle, peuvent-elles générer des intellectuels, si l’intellectuel est quelqu’un pour qui la raison prime sur l’irrationnel ?  Foi et raison sont-elles compatibles ? Comment être lucide et croyant ?

Dans les religions non-monothéistes, où sont souvent ouvertes les croyances et où n'est pas inexistante la tolérance pour toutes les formes de sacré, on trouve (parfois) de la place pour le rationnel, mais dans le judaïsme, le christianisme ou l’islam, où ce rationnel peut-il se loger, dès lors que l’on est tellement sûr de soi que l’on ne cherche plus à comprendre le pourquoi de sa ferveur intransigeante ?

Un intellectuel se réclamant d’une de ces religions monothéistes, pardon : un bigot se disant intellectuel (et d’autres, intellectuels défraîchis ou bien-pensants et naïfs, le disent de lui) fait actuellement l’objet d’une campagne de dénigrement parce qu’il aurait violé à tout-va à la fin de ses cours et conférences. Sans m’attarder sur ses actes (que je réprouve, bien entendu, s’ils sont avérés), ce qui m’a paru choquant dans ce malheureux fait divers c’est l’expression « intellectuel mahométan » pour qualifier son protagoniste (et j’aurais été choqué de même si l’on avait parlé d’un intellectuel chrétien).

Intellectualisme et bigotisme, l’impossible accord ?

P. S. : Dans le billet du 14 novembre 2012 il était question, très concisément, d’une concession.