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FULGURANCES D’APRÈS SILENCE

perplexité

Je me demande qui est le plus sage, voire le plus heureux (si ce n’est pas la même chose), ou disons plutôt qui est le plus philosophe, le plus proche de la compréhension du sens de son existence, voire de l’existence. Celui qui est resté sur son lopin de terre à vivre avec les années et ses saisons ou celui qui a largué les amarres un beau jour et vu le monde, beaucoup du monde ?

Hermann Hesse évoque parfois ce dilemme mais aujourd'hui je ne veux pas avoir recours à lui ici, qu’il me pardonne, moi qui l’ai tant lu. Faisons comme si nous devions trouver la réponse nous-mêmes. Et pour cela, partons de nos vies pour y réfléchir.

Quant à moi qui ai tant bougé, je ne pourrais pas parler à la place de ces paysans ou de ces moines comme ceux que j’ai connus en Inde, en Turquie et ailleurs. Je ne pourrais donc que leur faire dire ce que je crois qu’ils m’auraient dit quand je leur rendais visite et leur demandais humblement l’hospitalité. Et je crois qu’ils m’auraient dit, eux qui étaient naturellement humbles, que j’en savais plus qu’eux, ce qui était tout simplement le signe d’une plus grande sagesse que la mienne. Jamais, je pense, ils n’auraient fait l’apologie de ce bout de terre sur lequel ils méditaient et prétendu (comme Thoreau le fit un jour) que « souvent l'homme qu’ils rencontraient leur apprenait moins de choses que le silence qu'il interrompait ». Bien au contraire, ils m’auraient dit que « moi, au moins »,  j’allais les voir, et que toute rencontre au fond est source d’enrichissement culturel.

Oui, aurais-je rétorqué, mais moi, outre que j’ai peu à vous apprendre, je n’ai jamais vu comment une graine devient une plante, comment une chenille se transforme en papillon, comment fait une grenouille pour rejoindre son lieu de naissance.

Et disant cela, je le pensais vraiment, ce n’était pas seulement par élégance mais parce que je voyais chez eux l'usage d’une existence menant à plus de sagesse, une existence où au fond même sans trop le parcourir, on aurait fait un meilleur usage de monde, pour reprendre la magnifique expression de ce pourtant grand voyageur que fut Nicolas Bouvier.

 

 

* : En janvier 1857

 

P. S. : Dans le billet du 7 mai 2009 il était question de la trajectoire d’un méditant dans sa définition de sa pratique ».

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À propos
Marc

Photographe, écrivain, sophrologue et enseignant de raja yoga, j’ai bourlingué des années en Asie et vécu longtemps dans des ashrams indiens. Lecteur de toutes les philosophies et amoureux de tous les silences, je vous livre ici mes fulgurances d’après ... silence.
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