trucs

Certains diront qu’on ne vit qu’une fois, mais pour les gourmands il y a un truc : voyager; et donc, comme disait Kessel,* vivre six fois de plus, Kessel qui parlait d’expérience et qui avait peut-être lu Saint Augustin d'Hippone qui disait lui que "le monde est un livre et que ceux qui ne voyagent pas n'en lisent qu'une page".

                                      (Courtesy of Facebook; à noter que ce dessin n'est pas de Schulz, ce que me dit                                               un lecteur.)

D’autres, voyageurs ou non dans la vie, abordant le problème qu’elle pose pour la bien mener jusqu’à son terme, diront eux comme Snoopy qu’on ne meurt qu’une fois et qu’il faut s’y faire en vivant bien avant, en vivant « chaque jour ».  Et pour ceux qui veulent vraiment arriver à cette excellence, là aussi il y a un truc : on peut mourir mille fois et non une seule, on peut connaître autant d’épiphanies que l’on veut, mourir d’extase à chaque seconde pour renaître ensuite à un autre présent extatique, et ainsi de suite. Certains appellent cela le bonheur mais c’est un peu plus compliqué que cela (sauf pour Snoopy) et, hélas, ce n’est pas à la portée du premier venu, soit qu’il en soit empêché par ce déplorable monde des hommes qui lui met tant de bâtons dans les roues, soit qu’il s’y refuse par pure bêtise. Au fond, ces épiphanies en ombre infini, c’est Shunryu Suzuki qui les a le mieux évoquées:  

“It is necessary for us to have enlightenments one after another, if possible, moment after moment. This is what is called enlightenment before you attain it and after you attain it.” (Zen mind, beginner’s mind, Weatherhill, New York & Tokyo, 1970, p. 86)

* : « Voyager, c’est vivre sept fois. » (Joseph Kessel)

P. S. : Dans le billet du 24 avril 2007 il était question de fiction.