FULGURANCES D’APRÈS SILENCE
22 Juin 2010
Et si la question de Leibniz « Pourquoi quelque chose plutôt que rien ?* » était illégitime ?
Et si la considération de Cioran selon laquelle le vide aurait suffit était sans objet ?
Et si le vide était la réalité, l’ultime en même temps que seule réalité et que toutes ces questions (y compris celle-ci même) n’étaient qu’illusoires ?
Quel abyssal recul faut-il avoir par rapport à la pensée pour pouvoir ne fût-ce que considérer comme fondées ces questions ! Voyez le Bodhisattva Avalokitesvara qui, lorsqu’il se mit à pratiquer la profonde Prajnaparamita, eut le perception des cinq skandhas (la forme, la perception sensorielle, la pensée, les formations mentales et la conscience) et vit qu’en leur nature propre, ils étaient vides, au point d’affirmer à Saripoutra ces paroles sans doute les plus inspirées jamais prononcées par un humain :
« O, Saripoutra, ici, la forme est le vide, le vide est la forme; la forme n’est pas différente du vide, le vide n’est pas différent de la forme ; ce qui a une forme est vide, ce qui est vide a une forme. On peut en dire autant des sensations, de la pensée, des formations mentales et de la conscience. […]** »
Amis méditants, si vous cherchez l’absolu, ne vous contentez de rien de moins que de penseurs dérangeants comme ce Bodhisattva pour vos lectures de l’été !
*: En gros.
**: Manuel de Bouddhisme Zen, Daisetz Teitaro Suzuki, Dervy, Paris, 1974, p. 26. Les pages 26 jusqu’à 29 sont à méditer sans réserve.
P.S. : Le billet du 22 juin 2008 vous faisait part de l’embêtante question que j’ai posée à tous les hommes saints (et il en était de très intelligents) que j’ai rencontrés en Inde: habitude.
Photographe, écrivain, sophrologue et enseignant de raja yoga, j’ai bourlingué des années en Asie et vécu longtemps dans des ashrams indiens. Lecteur de toutes les philosophies et amoureux de tous les silences, je vous livre ici mes fulgurances d’après ... silence.
Voir le profil de Marc sur le portail Overblog