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FULGURANCES D’APRÈS SILENCE

ataraxie

2/2

Tout désir de convaincre est violence, y compris celui qui consiste à vouloir se persuader soi-même que « je » existe; « je » désire me convaincre que « je » existe: violence. « Je » est violence. Le désir est violence. Aux dépends du calme du mental, et donc de la perception de l'Indicible. D'autre part on constate que là où il y a « je » il y a toujours violence puisqu'il y a l'égoïsme, il n’y a pas cet amour qui est tolérance, qui est très exactement le contraire de la violence.

L'amour qui est respect de la différence, imprégné qu'il est d'un certain statisme tout au moins en apparence est potentiellement omnipuissant. Il ne peut d'ailleurs jamais engendrer ni la haine, ni le mépris, ni le dédain, ni la condescendance, ni non plus le pire des pires: l'indifférence, ce non respect suprême de la différence, cette forme extrême de l'intolérance, la plus éloignée de l'amour compassionné. Cet amour-là ne peut non plus jamais déboucher sur de la violence (personnelle, religieuse, patriotique, etc...).

On peut toujours rêver d'un monde où tous les êtres sont frères (et où donc, dit en passant, les hommes sont à tout le moins végétariens) dans cet amour qui est la religion commune, reliant toutes les incarnations de la Conscience (dont le Christ cité dans le billet précédent fut un peut-être un fleuron). Mais rêver c'est regretter; regretter c'est désirer; désirer c'est ne pas accepter ce qui est, c'est le haïr. Désirer est, faut-il encore le rappeler, intolérance et violence. Désirer est vain. Il n 'y a que ce qui est qui est. « Le Père » ne nous a jamais abandonné.





P.S.: Le billet du 5 décembre 2007 vous faisait part d’une salutaire hésitation.

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À propos
Marc

Photographe, écrivain, sophrologue et enseignant de raja yoga, j’ai bourlingué des années en Asie et vécu longtemps dans des ashrams indiens. Lecteur de toutes les philosophies et amoureux de tous les silences, je vous livre ici mes fulgurances d’après ... silence.
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F
<br /> La lucidité, contrairement aux croyances, ne filtre pas les observations qui dérangent ses habitudes rationnelles.<br /> Je retiens que ce que j'observe Est. Et que ce que je n'observe pas peut cependant être mais hors de ma portée.<br /> L'illusion n'est pas le diagnostic d'une observation mais d'une croyance.<br /> Amicalement<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Je vois à peu près ce que tu veux dire et je me demande où tu places le concept d'accomplissement de l'humanité dans tout ça.<br /> Amitiés.<br /> <br /> <br />
F
<br /> Et si le désir était le préalable de la volonté qui est elle-même la condition nécessaire pour que chacun accomplisse sa mission de vie, dont son accomplissement personnel et l'accomplissement<br /> de l'humanité ne sont que des conséquences ?<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Je ne pourrais te faire que la même réponse à qu'à Mirabelle, en y ajoutant de sérieux doutes sur "l'accomplissement de l'humanité", un concept qui aide certains à vivre, certes, mais au prix (trop<br /> élévé pour le philosophe) de leur lucidité, à mon humble avis.<br /> Désolé pour le retard à te répondre.<br /> <br /> <br />
M
<br /> Je ne "désire" pas avoir raison "contre" vous, mais je nous ne devons pas avoir la même conception du désir, d'où mon incompréhension totale du billet de ce jour.<br /> Vous écrivez : "le désir c'est la violence ... le désir c'est ne pas accepter ce qui est " - à quoi je ne peux pas ne pas répondre : " l'enfant grandirait il sans le désir de l'amour de sa mère,<br /> sans le désir de marcher, sans le désir de devenir comme "papa", sans le désir de retrouver l'amour de ses parents après un écart. Le malade guérirait il sans le désir de retrouver la santé ? sans<br /> désir, se lèverait-on chaque matin ? La graine germerait elle sans un certain élan ou "désir" de se tourner vers et de trouver la lumière du soleil ?" - c'est la plus belle leçon que j'ai reçue de<br /> mes enfants, que toute la "création" est sous-tendue de désir, que la vie elle-même est désir, élan, dynamique permanente. <br /> "La joie de l'extinction de tous les désirs" désigne certes une absence totale d'avidité et la libération joyeuse qui en découle, mais même en ce cas, je crois que le désir inconscient ou sans<br /> objet subsiste, on devient soi-même désir. Sans désir, la vie n'est pas possible et meurt, l'absence de désir étant mortifère. Sans aller jusqu'à mentionner le cas de la dépression qui en est un<br /> exemple extrême, l'absence de désir n'est pas porteuse d'amour, ni d'ouverture à ce qui est, à ce qui vient.<br /> Ou alors, sous un même vocable, on parle de toute autre chose. Certes le désir avidité, le  désir possessif existe bel et bien aussi, mais celui-ci n'est qu'une pâle réduction de celui-là, ou<br /> tout au moins son autre face. On le trouve souvent à la source des conflits qui sous tendent en parallèle la marche du monde. Car pour que le monde "avance", le conflit a aussi son rôle à jouer<br /> comme mise en mouvement permanente, en marche (en marche ! cet équilibre sans cesse remis en question et qui ne retrouve la juste balance qu'en marchant justement - caminendo-, en refusant<br /> l'immobilité mortifère).<br /> Et pardon si je vous ai mal lu, mal compris !<br />  <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Chaque fois que je reçois un commentaire tel que le vôtre, intelligent, réfléchi et en phase avec « la vie de tous les jours », j’ai des doutes sur la validité de mes fulgurances.<br /> Suis-je « en dehors de la réalité », comme me l’a dit une amie récemment (à quoi j’avais répondu que certes oui j’étais en dehors d’une réalité, mais de la sienne), ou ai-je raison<br /> de naviguer sur d’autres (stricto sensu: un qualificatif qui donc ne comporte aucun jugement de valeur) niveaux de conscience, plus philosophiques (je dirais plus volontiers<br /> « inclusifs ») tout en sachant qu’il y a d’innombrables niveaux de conscience et qu’ils se valent tous dans leur subjectivité (« Once you know that facts will be different on every<br /> level, you are less lilely to fight the facts of any particular plane. », dit Taddeus Gollas, dans « The Lazy Man's Guide to Enlightement »,<br /> Bantam Books, 1980, p. 68), certains étant pourtant plus inclusifs que d’autres, entendez par là que le philosophe peut comprendre celui qui ne peut comprendre le philosophe , lui<br /> dont, de surcroît,  la vision n’a de valeur pour lui-même que lorsque sa définition d’un concept est valable à tous les niveaux de conscience qu’il connaît (ceux de "la vie de<br /> tous les jours" compris).<br /> <br /> <br /> Pour répondre maintenant précisément à vos multiples réflexions sur le désir, je me permettrai de citer un sociologue (une structure de pensées sans doute plus proche de la vôtre que celle d’un<br /> philosophe), et pas n’importe qui, le fameux Max Weber, surtout connu pour sa  compréhension de la naissance du capitalisme, mais qui fut aussi un excellent connaisseur de la<br /> pensée orientale. Je cite deux passages (pp. 358 et 359 de « Hindouisme et bouddhisme », Champs Flammarion, 2003:<br /> <br /> <br /> « La seule soif entrave, en tant que telle, l’accès à l’illumination qui délivre et conduit au repos divin. C’est en ce sens spécifique que tout désir est identifié au<br /> « non-savoir » (avidya), conformément à la tournure d’esprit intellectualiste qui distingue sous une forme ou sous une autre toutes les religions de la délivrance<br /> asiatique. »<br /> <br /> <br /> Et un peu plus loin, parlant plus spécifiquement du bouddhisme ancien :<br /> <br /> <br /> « L’illumination n’est cependant pas un libre présent de la grâce divine, mais le salaire d’une  plongée méditative ininterrompue dans la vérité, d’un abandon des<br /> grandes illusions d’où jaillit la soif de vivre. »<br /> <br /> <br /> La mise en gras de caractères est de moi. Avec mes excuses pour cette réponse très tardive.<br /> <br /> <br /> <br />