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FULGURANCES D’APRÈS SILENCE

précision

Ce que ce méditant a toujours pensé c’est que le monde observé n’existe que par la conscience qui l’observe. C’est ce que disent les Upanishads et ce qu’à redécouvert Adi Shankaracharya et les advaïtistes indiens du siècle dernier (Krishna Menon, Ramana Maharsi, Nisargadatta Maharaj, etc), c’est ce qu’ont vu aussi des sommités comme Tchouang-tseu, Nagarjuna, Maître Eckhart et Ibn Arabî et, d’une certaine façon, Kant (lorsqu’il est bien compris, ce qui est rare, disait Fichte) et aussi Schopenhauer, ce constructeur de pont entre Kant et Bouddha.
Mais cela ne fait que quelques mois que ce méditant voit cela comme étant une intuition philosophique incomplète et cette impression se renforce à chaque nouvelle lecture sur la chose, à chaque nouvelle méditation sur la chose. A présent, il la formule de cette façon: Non seulement le monde appréhendé n’existe pas sans la conscience qui l’appréhende mais l’inverse est vrai aussi: sans ce monde appréhendé, pas de conscience, rien, sunyata, un rien qui est peut-être bien de l’ordre du possible, de l’idéal même, du souhaitable: "Le vide aurait suffit," disait Cioran.
La question aussi (et il faut insister sur cet aussi), est de savoir s’il existe un monde absolu, non relatif à une conscience qui l’appréhende, indépendant d’elle, ce monde que les sciences dites exactes prétendent (de façon peut-être illusoire et vaine) étudier pour en trouver les constantes et les lois. A première vue on pourrait penser que oui, que ce monde existe (quand « je » meurs, n’est-il pas raisonnable de penser que le monde – mais lequel? – continue sans moi? ).
Mais la question n’est pas si simple. Elle mérite l’ultime réflexion de tout humain - son cerveau n’a-t-il pas été crée pour cela? C’est en tout cas lui faire honneur que de l’utiliser ainsi, à plein rendement, pour cette indépassable tâche -, sa méditation la plus raffinée. Les hindous s’y sont cassés les dents avec leur concept de Réalité Ultime (Brahman), les bouddhistes avec celui de vacuité (sunyata). Est-ce la même chose, cette Réalité ultime et ce rien dont rien ne peut être dit, que seul un saut quantique de cette fameuse conscience évoquée plus haut pourrait peut-être permettre de toucher*?




*: Pourquoi la conscience habituelle ne peut-elle appréhender ce monde absolu, non relatif à la conscience appréhendant? Mais par définition même de cette conscience. Toute réflexion sur ce monde indépendant, absolu, sera toujours l’œuvre de ce cerveau limité qui par définition (ses limites) ne peut l’atteindre.
Cela veut dire que ce saut quantique permettant un autre usage de la conscience, cette "illumination" ou cet "éveil", pourrait peut-être (le peut-être est essentiel car tout ceci est établi par un cerveau limité, une conscience non transcendante) permettre de connaître cette réalité et d’accéder à un savoir qui n’a rien à voir avec ce qu’on entend généralement par ce mot: on ne peut en effet ni le "délivrer", ni même le suggérer (sous peine déjà de le flétrir).
P.S.: Le billet du 18 juillet 2008 initiait une série de trois considérations sur le concept d’intensité. Ne vous privez pas de les lire tous. Il suffit pour ce faire de cliquer sur suivant au bas à droite de chaque billet.

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À propos
Marc

Photographe, écrivain, sophrologue et enseignant de raja yoga, j’ai bourlingué des années en Asie et vécu longtemps dans des ashrams indiens. Lecteur de toutes les philosophies et amoureux de tous les silences, je vous livre ici mes fulgurances d’après ... silence.
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S
A l'encre bleue aux vertus sympathiques , j'ai plusieurs carnets Marc.........
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M
<br /> Ravi de l'apprendre, Soisic.<br /> (Moi aussi j'ai plusieurs carnets.)<br /> <br /> <br />
M
"créons-nous ce dont nous avons conscience ?" tout ce qui existe pour nous correspond à ce dont nous sommes conscients. cela ne signifie pas que nous faisons exister au sens divin (faire advenir à l'être] ce dont nous sommes conscients mais tout simplement que ce dont nous sommes conscients existe pour nous. par conséquent ce "que nous ne soupçonnons pas" correspond tout simplement à ce dont nous ne sommes pas conscients. cela me semble très simple.je pense, au risque de me répéter, qu'il faut travailler les acquis de Ludwig Wittgenstein, notamment pour ce qui concerne les extension et définition des concepts que l'on utilise, ainsi que ses valeurs logiques et épistémologiques. prenons un exemple : vous écrivez "ce dont nous avons conscience" et établissez donc une dualité entre la "conscience "et le "nous" qui en jouit. ainsi, la conscience est donnée comme un potentiel extérieur et autonome au "nous" possiblement inconscient. je ne discuterai pas de cette thèse mais relève cette implication afin de montrer les prérequis de cette proposition. les avez-vous pesés ? les acceptez-vous ?
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M
<br /> Bonjour,<br /> La conscience fait aussi partie de choses qu’elle appréhende au même titre que ce que l’on pourrait appeler le monde extérieur (à elle). D’où la difficulté d’en parler, elle qui est en quelque<br /> sorte, à la fois sujet et objet, les deux faces d’une même pièce que personne n’est en mesure de nommer.<br /> Mais avez-vous lu attentivement la première partie de mon texte et notamment la proposition en italiques (la précision évoquée dans le titre) où se trouve (peut-être) l’essentiel de cette<br /> fulgurance?<br /> <br /> Quant à Wittgenstein, cet auteur difficile à souhait, j’aimerais vous suggérer de comparer ces deux propositions qui se trouvent dans le texte que vous avez lu:<br /> <br /> - « Est-ce la même chose, cette Réalité ultime et ce rien dont rien ne peut être dit, que seul un saut quantique de cette fameuse conscience évoquée plus haut pourrait peut-être permettre de<br /> toucher*? »<br /> <br /> - « …. accéder à un savoir qui n’a rien à voir avec ce qu’on entend généralement par ce mot: on ne peut en effet ni le "délivrer", ni même le suggérer (sous peine déjà de le flétrir). »<br /> <br />  avec cette autre apologie du silence (ô combien merveilleusement concise) du philosophe viennois:<br /> <br /> - « Tout ce qui peut être dit, peut être dit clairement et tout ce dont on ne peut parler, il faut le taire. »<br /> (Tractatus logico-philosophicus)<br /> <br /> J’ai toujours eu le sentiment que Wittgenstein (comme les êtres marquants évoqués dans mon texte, depuis les auteurs des Upanishads jusqu’à Nisargadatta Maharaj) avait bien compris les limites<br /> d’une certaine forme de pensée…<br /> <br /> <br />
O
cette réflexion sur la conscience est très intéressante, mais je n'ai pas de réponse.Créons nous ce dont nous avons conscience... ? et tout ce que nous ne soupçonnons pas .....?  Petitesse de l'homme
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M
<br /> Mieux vaut ne pas avoir de réponse que d'en avoir une d'un autre. ("A ce dont un homme se satisfait, on mesure la grandeur de  sa perte" (Hegel).)<br /> <br /> <br />
M
Bonjour,à la question "existe-t-il un monde absolu, non relatif à la conscience qui l'examine", je me permets de suggérer le rappel dialectique suivant : les concepts s'emploient en vis-à-vis. celui de "monde" est dialectiquement articulé à celui de "soi" (autrement dit, le "monde extérieur" versus le "monde intérieur" indissociable du corps qui manifeste l'esprit sur le plan sensible). la philosophie occidentale en la personne de Kant, auquel vous faites référence, considère que l"homme et le monde sont deux des trois concepts transcendantaux. il en ajoute un troisième, le principe créateur, Dieu. d'après ce qui précède, il est donc naturel, si l'on pose la conscience, de poser le monde en regard. bref, si j'ai bien compris votre question, je pense qu'il convienrdrait plutôt de la formuler ainsi : y a-t-il un absolu (dont il serait question de le désigner par un concept accepté par convention), un tout qui ne dépende pas de la conscience ? il me semble que la réponse est oui. la conscience est bien immergée dans (ou est une partie d') une totalité qu'elle perçoit/conçoit dans la mesure de ses possibilités. penser une conscience absolument extérieure à ce qui n'est pas elle, c'est poser la réalité comme radicalement duelle. de ce choix découlent un ensemble très vaste d'apories métaphysiques et logiques qui ricochent autant sur les thèses philosophiques que sur les religions abrahamiques.
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M
<br /> Bonjour,<br /> Merci pour vos réflexions et votre reformulation. Je les considère avec attention et sans aucune difficulté, je les fais miennes. Si vous préférez formuler la question de la façon suivante :<br /> « Y a-t-il un absolu (dont il serait question de le désigner par un concept accepté par convention), un tout qui ne dépende pas de la conscience ? », fort bien.<br /> L’important, ensuite est de savoir comment lui trouver une réponse qui nous soit véritablement personnelle.<br /> A cet effet, je me permets de vous faire part d’une remarque d’un simple vendeur de beedees indiens qui apparemment "savait" beaucoup de choses, Nisargadatta Maharaj:<br /> <br /> « All paths lead to unreality. Paths are creations within the scope of knowledge. Therefore, paths and movements cannot transport you into Reality, because their<br /> fonction is to enmesh you within the dimension of knowledge, while the Reality prevails prior to it. »<br /> <br /> <br />
S
c'est véritablement passionant Marc"tout ce qui existe,mobile ou immobile,provient de l'union du champ et du connaisseur du champ " Krishna dans la Bhagavad-Gîtanoté aussi dans mon carnet à spirales avant l'observation~~~~~~ onde disséminée dans l'espace et le temps (zone de probabilité)non matériel,non localisée dans le domaine spirituel.au moment de l'observation o particule,évenement spatiotemporel localisée dans le domaine matériel "Deepk Chopra
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M
<br /> Que ne donnerais-je pas pour y jeter un oeil, dans ton carnet à spirales, Soisic!<br /> <br /> <br />