matérialisation

Méditation du matin, une fulgurance résumant des années:

Suspendre la colonne, suspendre le jugement.

Puis, dans l'esprit, aucune idée précise ne se forme plus. Même l'idée de s'obliger à écrire ce flash* pour ne pas prendre le risque de l'oublier est pénible.
Reste, après l'avoir fait quand même, le regret diffus de n'avoir pu rester dans le vide qui s'installait, comme s'il fallait revenir d'une manière ou d'une autre toujours au non-vide, au faire, au temps.




*: Ma façon d'appeler la fulgurance.
P.S.: Le billet du 6 décembre 2007 vous parlait d'ensoleillement et de soleil, un jour de pluie. La chanson de Mazzy Star dont je vous offrais les belles paroles ce jour-là est à écouter ici. Génial comme du Terry Riley jouant sur les claviers de Ray Manzarek (des Doors).

Comments

[Francoise-louise A-M]

Le meilleur moyen de faire le vide n'est-il pas de donner ? Tel est le paradoxe : soit tu n'écris pas et tu gardes, en ayant cru faire le vide, soit tu écris et tu offres, en ayant l'impression d'avoir renoncé au vide.Tu es bien de retour de vacances.   Amicalement

[Marc]

Peut-être.
Amitiés.

[marie-claude leloire]

pour vivre, ..., serait-ce une illusion ?

[Marc]

Tu réponds à la question "Pour quoi?", pas à "Pourquoi?"

[marie-claude leloire]

nous appartenons nous les vivants, au non-vide, au faire, au temps .Il nous faut occuper le temps à faire face au vide et le remplir !

[Marc]

Mais pourquoi, bon Dieu, pourquoi?

[Eric]

Oui, l'écriture est toujours un pis allé, un dégradé de l'expérience.

[Marc]

On est ici en réalité dans le superflu:
"Ecrire n'est qu'une préparation pour ne plus écrire, pour l'état de grâce poétique, intellectuel ou sensitif. Devenir soi-même poésie,
non plus poète."
(Lettre à Luis Cernuda de 1943, Juan Ramon Jimenez, prix nobel en 1956, dans Le Monde du 18/8/89)
« Pourquoi un homme écrit-il? Parce qu'il n'a pas assez de caractère pour s'en abstenir. »
Karl Kraus cité par Roland Jaccard dans L'enquête de Wittgenstein, voir l'article de Ben Jalloun dans le Monde du 18/9/98. Et j'ajouterais: parce qu'il
ne sait rien faire d'autre; tout le monde sait écrire, après tout.
« Mon ouvrage comporte deux parties: celle qui est présentée ici, et tout le reste que je n'ai pas écrit. Et c'est justement cette seconde partie qui importe.
»
Présentation de Tractatus logico-philosophicus par Wittgenstein lui-même selon T. Ben Jalloun dans le Monde du 18/9/98.

[fée des agrumes]

inévitablement, la nature humaine rejaillit. Voilà pourquoi c'est une tâche ardue d'atteindre l'éveil.

[Marc]

La plus ardue et la plus simple à la fois (paraît-il).

[Lilou]

N'est ce pas ce va et vient permanent entre le" vide" et le " non vide" qui nous fait grandir ..Au départ il y a le " non vide" et un " flasch" de " vide"puis il  y a de plus en plus d'aller et retours..Jusqu'à ce que les deux ne fassent plus qu'UN .Suspendre ..pose l'interruption et la libre circulation.Je te vois , assis.. la tête accrochée au ciel .

[Marc]

Possible, mais personnellement, quand je m'assieds je trouve le non-vide trop exigeant...