décélération

La vision du Bouddha était juste: Tout change. Mais incomplète: Le changement s'accélère.
On sait depuis les années 1990 que les galaxies s'éloignent les unes des autres de plus en plus vite et on vient d'apprendre que la fonte des glaces de l'Arctique en été sera totale non pas vers 2050 comme prévu jusqu'à présent mais bien vers 2015. Accélérations.
On vient d'apprendre aussi que le niveau des mers va monter d'ici la fin de ce siècle d'une hauteur double de celle à laquelle on s'attendait il y a quelques mois encore. Accélération encore.
Avant la crise des sousous que nous connaissons, on savait que l'on n'avait plus que dix ans devant nous pour faire radicalement marche arrière si on voulait préserver un tant soit peu notre biotope pour continuer à vivre sur cette planète autrefois si belle. Bon d'accord, on savait aussi que l'on ne ferait rien, mais ce que l'on ignorait, c'est que cette crise des sousous allait nous faire oublier jusqu'au danger. Les priorités sont ailleurs depuis quelques semaines et l'urgentissime attendra. L'avènement du cataclysme climatique, ce n'est donc plus pour dans dix ans « si... », c'est pour dans moins de temps que ça et il n'y a plus de si qui tienne. Accélération là aussi.
Passons à l'homme, maintenant, l'humain de toujours. Que voit-il ? Que ses pensées se densifient avec l'âge. Qu'aux soucis habituels s'ajoutent la perspective de cette mort personnelle qui se rapproche et à laquelle il pense de plus en plus, qu'il le veuille ou non (et je ne parle même pas de sa honte permanente, s'il a une conscience, de n'avoir pas tout fait - et de ne pas tout faire encore maintenant - pour assurer un avenir à ses enfants sur cette terre qu'il avait reçue en héritage, à charge pour lui de faire passer). Accélération là encore.
Reste le méditant. Qui voit ses pensées s'éteindre à mesure qu'il les observe*. Décélération là enfin.
La seule.




*: Jusqu'à sortir de monde manifesté (prakriti selon la nomenclature du sankhya darshana) pour toucher, ne fût-ce qu'un court instant, l'Esprit (appelé Purusha dans le même système philosophique), cet « Univers » dont rien ne peut être dit, même quant à sa vitesse d'expansion ou sa possible immobilité.)
P.S.: Le billet du 29 octobre 2007 touchait un mot de la beauté des cimetières: recul.

Comments

[Salam]

La contemplation implique la passivité. L'action implique la partialité. Le méditant rechigne souvent alors à l'action. Pour ceux qui cherchent par la pensée, il faut là aussi taire la pensée, taire le rite et agir, dans l'immédiateté des choses. Nous le faisons déjà en occupant le terrain de l'internet sur ces questions essencielles de spiritualité et d'urgence planétaire. Quand à changer nos vies, ce sont nos petits actes de tous les jours, nos petits choix de consommation, de disponibilité de coeur, de sacrifices qui font que notre vie peut changer d'heure en heure.Ne soyons pas si superstitieux que nous ayons encore à nous poser la question du grand soir et de l'homme providenciel! Il faut se retrousser les manches, allons! Au travail, bon gré mal gré! Ce qui adviendra? Ce que Dieu voudra, ce n'est pas notre problême, il faut vivre comme si nous allions mourir demain, remplir nos vies de mérites pour faire bonne figure devant l'ange du jugement!Que la paix soit sur vous tous, ainsi que la grâce et la force!

[Marc]

Un peu de tout dans tes propos, Salam. Difficile de ne pas être d'accord avec la plupart. Une belle réflexion en tout cas, et l'expression d'une vision construite du monde. (Heureux ceux à qui le
doute n'est pas donné.)
Paix et amour sur toi.

[kt]

c'est assez juste, globalement, mais alors donc le "méditant", et encore celui qui se "retir" du monde?, qui refuse l"étant", la "réalité" apparente pour atteindre l'illumination dans "L'innaction"???? C'est dommage.

[Marc]

J’aimerai te répondre par ceci :


http://fautedemieux.over-blog.com/article-5719533.html


Une piste, quoi.

[Jack Maudelaire]

---> Bonjour Marc,La seule préoccupation des hommes a toujours été de penser à demain. N'a-t-il pas été dit dans leur langage qu'ils auraient dû laisser le lendemain se soucier de lui-même ? N'auraient-ils pas compris le message qui leur a été adressé ? Malheureusement aujourd'hui, l'avenir les presse à changer leurs comportements, mais pourront-ils les modifier ? Je ne le crois pas, car c'est n'est pas dans leur pouvoir de changer ce qui a toujours été leur vouloir.Bien amicalement, Jack.

[Marc]

Belle formule conclusive à laquelle j'aurais tendance à adhérer, Jack. Encore que...
Amitiés

[céleste]

Nous nous rapprochons de l'oeil du cyclone?Il y a quelque chose qui me tracasse: que cette dégradation de la planète qui entrainera probablement, peut-être pas la disparition totale de l'espèce humaine; mais des morts innombrables et l'obligation pour les survivants de changer radicalement de mode de vie, corresponde (correspondra) avec mon propre vieillissement (et pas seulement le mien bien sûr)et j'ai toujours en tête, cette phrase des hopis : "Nous sommes ceux que nous attendions"encore faudrait-il le comprendre: que nous sommes tous des acteurs décisifs aussi bien dans le désastre qui s'annonce que pour la sauvegarde de l'humanité, de la planète.Je ne suis pas très claire, ce ne sont que des reéflexionsbonne journée Marc

[Marc]

Tu es très claire, Céleste, et même clairvoyante. Et je le dis souvent autour de moi: tu es en plus la plus belle plume de la blogosphère que je connaisse.

[marc]

s'il te plait, va regarder - le cyprès dans la cour.

[Marc]

Quand on me parle si poliment...