bizarrerie

Il est toujours étonnant de constater combien le mental éprouve du plaisir à imaginer une scène agréable de ce qu’il appelle lui-même le futur, plutôt que de rester dans le présent. Ce présent est pourtant appréciable lui aussi, bien souvent. Pour s’en convaincre, il suffit de penser que nous avons déjà regretté maints moments du passé qui, lorsqu’ils étaient vécus - lorsqu’ils étaient le présent - ne nous avaient paru en rien mémorables.
Tout se passe comme si le présent nous échappait et comme si nous ne pouvions avoir de lui qu’une vision indirecte, réfléchie*, soit via un présent imaginé dans le futur, soit via un présent retrouvé dans le passé.
Étrange, au fond, ce fonctionnement du cerveau humain qui évite systématiquement par la pensée incessante, la perception de l’instant.

*: Au propre comme au figuré

Comments

[...]

Nous ne sommes que les passagers du présent. Sauf si nous grimpons à son mât de mitaine et nous y désoeuvrions.

[Marc]

Merci à tous pour vos commentaires intéressants. Et étranges parfois, pour ne pas dire bi... ;-)

[Dharma Shishya]

Le présent est éternel.Le passé et le futur semblent n'être qu'illusions...L'Attention permet de réaliser pleinement l'instant présent.

[céleste]

serions-nous d'éternels frustrés, incapables d'apprécier la beauté d'un instant?et pourquoi?est-ce lié à notre structure mentale, au poids des conditionnements sociaux , ou à des préceptes religieux qui font que parfois on doit espérer plus de la vie future que de la vie présente?bon weekend Marc

[Jean Louis]

Les moments que l'on vit sont bien plus, bien autre chose que ce que l'on croit vivre. Ce que l'on croit vivre a rapport avec ce qui retient notre attention, concentre notre intérêt. PENDANT CE TEMPS, nous sommes avec tout ce qui se perçoit, tout ce qui se ressent sans que nous le remarquions. Un contact sans dualité.En revanche, ce qui retient notre intérêt est pensé.L'expérience non-duelle est bien plus vraie, large, profonde que l'expérience duelle. 

[djaipi]

Bizarre en effet cet aspect « savonnette » de notre attention. Heureusement, des instructeurs (comme Gurdjieff) nous rappellent de façons astucieuses voire radicales qu’il faut surveiller le singe intérieur… Ton recueil de fulgurances joue dans le même orchestre.