FULGURANCES D’APRÈS SILENCE
15 Octobre 2022
À l’occasion de son cinquantième anniversaire, l’hebdomadaire le Point demandait à des célébrités ce qu’il faut penser de cette sentence proférée au début par son créateur : « Il ne faut désespérer de rien ».
Et tous ou presque d’honnir le désespoir, même si le pessimisme est souvent présent aussi. Mais pas un, sauf erreur, ne voit le désespoir d’un bon œil. Au premier abord on pourrait trouver cela normal. Mais à bien y réfléchir qui a-t-il de plus roboratif que celui-ci ? N’est-ce pas souvent quand on croit que tout est fichu qu’arrive le salut ? Et qu’il arrive bien moins fréquemment quand on postpose la réaction salutaire, celle qui ne peut attendre mais dont on se dit qu’il est encore un peu temps (le commode « tant qu’il y a de l’espoir... »), que l’homme va enfin changer (il s’agissait surtout dans le numéro anniversaire de cette revue, de parler de la survie de l’humanité, alors que le réchauffement climatique s’accélère, c'est elle-même qui en convenait la semaine précédente), que l’on va (surtout la jeunesse) faire enfin ce que nous ne n’avons pas (encore) fait ?
Ce qui est désespérant, n’est-ce pas que chacun trouve à redire au désespoir ? Alors qu’on le voit bien, maintenant les espoirs sont vains. Et contre-productifs, car ce sera seulement quand nous comprendrons enfin que nous sommes allés inexorablement et définitivement trop loin que nous pourrons faire ce qu’il faut faire pour sauver ne fût-ce qu’une petite chose, petite chose qui sera (presque) désespérément trop peu, afin que l'on continue et que l’on fasse une autre petite quelque chose et puis encore une, et cela quasi infiniment.
Un monde désespéré ne sera plus le monde inactif (et au fond, trop content de lui, conservateur, pour emprunter un terme au monde politique) dans lequel on vit, et cela parce que l’on espère, l’on postpose, l’on ne fait rien, ou trop peu.
P. S. : Dans le billet du 15 octobre 2008 il était question d’un sublime égarement.
Photographe, écrivain, sophrologue et enseignant de raja yoga, j’ai bourlingué des années en Asie et vécu longtemps dans des ashrams indiens. Lecteur de toutes les philosophies et amoureux de tous les silences, je vous livre ici mes fulgurances d’après ... silence.
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