FULGURANCES D’APRÈS SILENCE
12 Avril 2021
L’exil intérieur, « la schizoïdie », pour reprendre un terme propre à Roland Jaccard, c’est selon lui « le geste chaleureux avorté, le retrait de la réalité chaude, vibrante, humaine, directe ; et le repli sur soi ; la fuite dans l’imaginaire ». Il constatait cela en Suisse dès 1975, l’année où il écrivit son mémorable « L’exil intérieur » (Presses Universitaires de France), mais il parlait bien sûr de nous tous, hommes de la modernité, égocentrés coupés les uns des autres, solitaires, isolés, angoissés.
Que dire alors de cette année 2021 où l’isolement s’est encore accentué par le port d'un masque, usage qui survivra sans doute à cette (déjà) troisième pandémie du siècle?
Dans la rue, nous ne voyons déjà plus d’humains. Les sourires avortés d'autrefois ne sont même plus tentés par les exilés intérieurs d'aujourd'hui. Nous nous mouvons parmi des humanoïdes inexpressifs (nous en sommes un nous-même) et nous sommes mal à l’aise, croyant percevoir de la peur, et donc de la violence chez l’autre. A moins que l’on résolve ce problème de l’opacité du masque buccal et nasal, c’est un homme encore plus déconnecté des autres et donc aussi de lui-même, un homo sine faciem, sine risu, qui va naître, annonciateur dès le berceau, de la disparition effective de son espèce.
P. S. : Dans le billet du 9 avril 2007 (le billet du 12 avril 2007 a été rappelé dans le billet précédent d’aujourd’hui) intitulé rappel, il était que question de Shantaben Becharbhai pour laquelle j’avais une affection particulière.
Photographe, écrivain, sophrologue et enseignant de raja yoga, j’ai bourlingué des années en Asie et vécu longtemps dans des ashrams indiens. Lecteur de toutes les philosophies et amoureux de tous les silences, je vous livre ici mes fulgurances d’après ... silence.
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