FULGURANCES D’APRÈS SILENCE
5 Février 2021
On classe habituellement les souvenirs perdus en deux catégories :
Ceux dont on pressent qu’on pourrait les récupérer (on les a même parfois déjà « sur le bout de langue ») et ceux dont on pense qu’ils sont perdus à jamais (on a juste encore une vague idée de leur existence).
Certains « éléments » de la seconde catégorie reviennent pourtant de temps à autre d’eux-mêmes dans la première, et parfois ils jaillissent même devant nos yeux alors qu’on avait perdu tout espoir de les retrouver et qu’on avait abandonné toute recherche.
On persiste pourtant à croire que les souvenirs perdus sont bien à classer dans deux catégories, celles évoquées plus haut, alors que l’exemple du retour étonnant de ces souvenirs que l’on croyait irrémédiablement oubliés devrait nous mettre la puce à l’oreille : il n’y a pas deux catégories de souvenirs, les récupérables et les autres, non, il n’y a que des souvenirs plus ou moins profondément enfouis mais toujours susceptibles de nous être rendus, pourvu que l’on sache comment faire.
Le cerveau ne jette rien, il se sature parfois quelque peu pour avoir accumulé trop d’informations - l’âge ici est souvent responsable, on a plus vécu, plus appris (si l’on a vécu dignement), plus stocké donc, à 70 ans qu’à 20 ans. Retrouver celles qui semblent nous échapper peut alors prendre du temps (un peu comme il peut prendre du temps à un magasinier de trouver une pièce dans un hangar fort rempli - et étonnamment les plus anciens souvenirs sont placés le plus près de la "sortie" dans notre cerveau-hangar, une question de rangement sans doute, et dont on a pas encore trouvé la raison).
Mais comment faire, direz-vous, pour qu’un souvenir nous soit rendu ? Reprenons encore l’exemple de celui évoqué plus haut, subitement revenu de si loin. Nous avions d’abord souhaité lui redonner vie et puis, le voyant trop lointain, trop vague, n’espérant plus, nous avions oublié consciemment et inconsciemment notre désir.
Le cerveau, libéré alors de toute contrainte, ne se rebiffa plus et alla nous chercher l’information. C’est là un cas extrême, mais qui permet de comprendre que rien n’est jamais perdu, qu’il faut être patient et gentil avec nos méninges pour qu'elles collaborent. Ne pas les brusquer, elles y sont sensibles.
Comme elles sont sensibles, dit en passant, à ce que nous ne leur demandions strictement rien* lorsque l’on s’assied en silence. Alors elles nous donneront tout. Et même plus.
* : Ce qu’elles nous donneront sera inversement proportionnel à ce que nous recherchons. Ce qui condamne sans appel toute méthode de « méditation » et punit tout qui s’y adonne avec un esprit de convoitise.
P. S. : Dans le billet du 5 février 2009 il était question d’un vertueux sabotage.
Photographe, écrivain, sophrologue et enseignant de raja yoga, j’ai bourlingué des années en Asie et vécu longtemps dans des ashrams indiens. Lecteur de toutes les philosophies et amoureux de tous les silences, je vous livre ici mes fulgurances d’après ... silence.
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