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FULGURANCES D’APRÈS SILENCE

distinction

On compare souvent la prière et la méditation. C’est là une aberration car ce sont deux choses de nature différente, la première excluant, la seconde rassemblant.

Prier, aussi respectable que cela soit, exclut ceux qui ne voient personne, aucun être suprême, à supplier, à remercier (soit qu’ils sont athées, soit qu’ils ne voient pas pourquoi ils seraient reconnaissants à un créateur qu’ils jugent peu bienveillant) ainsi que ceux qui ne prient pas comme vous ou qui, pour être nés dans un autre monde que le vôtre, n'ont pas les mêmes divinités ou idoles que vous.

Méditer, à l’inverse ne présuppose rien, rien que de pouvoir réfléchir et de faire appel à sa raison, ce qui, je pense, est dans les cordes de tous, d’Acapulco à Zagreb en faisant le grand tour. Il est vrai qu’elle est fortement entravée, cette raison, chez ceux dont on a lavé le cerveau par des croyances prêtes à l’emploi et des certitudes indéboulonnables, suffocantes et délétères (comme par exemple celle d’avoir la foi, ce que certains chrétiens tiennent pour une chance, ou plus commun encore, celle d’avoir le meilleur dieu qui soit (mâle ou femelle), le plus grand, le plus fort, le plus bienveillant ou même le plus cruel*).

A l’inverse encore de celui qui prie, le méditant ne croit même pas en à sa pratique**. Il n’exclut personne mais n’essaie pas non plus de convaincre quiconque de faire comme lui. Aucun prosélytisme dans son chef, pas de porte à porte ni de chants dans les rues pour sauver des âmes. Il prétend plutôt que, quoique essentiel, méditer est parfaitement inutile, que cela n’apporte rien (surtout à celui qui voudrait y chercher quelque chose), qu’il le fait par pur plaisir, parce c’est comme ça, voire faute de mieux (l'inutile étant inépuisable, ce blog Méditer faute de mieux traite de la méditation sous d'innombrables aspects depuis 2006 ). Méditer soustrait plutôt qu’ajoute, réduit plutôt qu’augmente, rétrécit plutôt que dilate. Il n’apporte rien, pas même la certitude que cela n’apporte rien, ce qui paraît le comble de la loufoquerie et devrait rassurer définitivement celui qui a très légitimement peur de se laisser embobiner.

 

 

* : Je pense ici à Rudra, Kali et Durga.

** : A laquelle il peut d’adonner dans n’importe quel lieu, y compris ceux dédiés à la prière, pourvu que celle-ci soit silencieuse. Pourquoi simplement se recueillir ne relèverait-il pas, lui aussi, du sacré ?

P. S. : Dans le billet du 19 février 2018 il était question de scepticisme.

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À propos
Marc

Photographe, écrivain, sophrologue et enseignant de raja yoga, j’ai bourlingué des années en Asie et vécu longtemps dans des ashrams indiens. Lecteur de toutes les philosophies et amoureux de tous les silences, je vous livre ici mes fulgurances d’après ... silence.
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P
La prière est sensée s'adresser à quelqu'un d'extérieur, la méditation s'adresse à soi même.<br /> Et si les deux destinataires étaient les mêmes ? <br /> Et si les énergies déployées étaient identiques ?<br /> Et si les deux allaient de concert vers l'Unité ?<br /> <br /> Amicalement, Pascale, ARCHITEXTE;
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M
Vous voulez sans doute faire allusion à cette idée que tout se rejoint dans une sorte d’indifférencié, dans la Réalité ultime (Brahman) dont rien ne peut être dit (ni ceci, ni cela), idée que l’on retrouve aussi chez Chuang Tsu, Héraclite et dans la Gita (voir plus bas), idée qui se perçoit à un tout autre niveau de conscience (plus inclusif, si tant que la comparaison ait ici un sens) que celui de mes propos dans ce billet, qui n’en est pas le sujet.<br /> « That which is one is one, that which is not one is also one. »<br /> Chuang Tsu<br /> « Chemin vers le haut, chemin vers le bas, un et même chemin. »<br /> Héraclite <br /> « Celui qui voit l’action dans l’inaction et l’inaction dans l’action est le sage parmi les autres, le yogi et il a accompli son travail. »<br /> (Bhagavad Gita, Sutra 4,18)<br /> Belle soirée, <br /> Marc<br />