FULGURANCES D’APRÈS SILENCE
16 Décembre 2019
Méditer est bon pour la mémoire*. Pourquoi ? Que ce soit en réfléchissant pour vous faire une opinion pour laquelle il vous faudra retrouver des informations que vous allez agencer ensuite, ou que ce soit en vous laissant aller au rêve (conscient ou non, peu importe, mais bon, conscient c’est sans doute mieux), dans ces deux cas (comme dans d'autres encore, sans doute), vous utiliserez votre cerveau, ce qui est encore la meilleure façon de le maintenir en forme et de l’empêcher de s’encroûter (on fait la même chose pour le corps, à qui il faut de l’exercice pour qu’il se délabre moins vite).
Mais me direz-vous, utiliser son cerveau, chacun le fait. Certes, mais il est question ici de qualité d’utilisation ! Regarder la télé est-il aussi bon pour lui que lire un ouvrage exigeant ? Se vautrer dans des occupations moutonnières et abrutissantes vaut-il une activité créative ? Avoir l’esprit tourné vers son nombril vaut-il l’esprit d’ouverture ? Se complaire dans un quotidien étouffé de soucis vaut-il habiter des lieux ou s’adonner à des « activités » où l’extase est possible ? S’occuper l’esprit constamment vaut-il se donner du temps pour fixer le mur, l'esprit en roue libre, quand on sent que c’est ce qu’il faut faire ? Poser ces questions c’est y répondre.
Utiliser le cerveau en méditant c’est voyager à l’intérieur du crâne, mais pas seulement métaphoriquement. Voilà où je veux surtout en venir. J’entends par là que certes vous empruntez mentalement les réseaux neuronaux en pensant, mais vous pouvez aussi accomplir ce voyage sciemment, pour ne pas dire quasi physiquement, en empruntant tangiblement les trajets, en ressentant les courbes, les détours, les lignes droites, etc..., ce qui est assez amusant et original (cela n’a jamais été décrit à ma connaissance).
J’ai l’intuition que la pensée complexe mais aussi ce voyage conscient sont excellents pour décrasser les circuits et améliorer la plasticité synaptique, ce qui est toujours indiqué, mais plus encore quand on avance en âge car il s’agit alors de gérer une banque de données (une bibliothèque, si l’on préfère) plus importante, étant donné toutes les informations accumulées au cours de la vie.
Emprunter les réseaux de chemins du cerveau avec conscience, agilité et maestria, chemins que l’on aura ainsi bien entretenus, s’y retrouver dans ses dédales, n’est-ce pas ce qu’il faut faire avant tout pour ne pas perdre la mémoire* ?
* : Attention, perte de mémoire et déficit d’attention sont deux choses différentes.
La perte de mémoire se produit quand on avance en l’âge et seulement si l’on a peu ou mal entraîné le cerveau et que celui-ci ne peut plus alors bien gérer les nombreuses informations accumulées. Celles-ci sont archivées mais il faut trop de temps pour les rendre disponibles.
Le déficit d’attention, quant à lui, n’est pas lié à l’âge, même s’il est surtout déploré par les personnes âgées qui le prennent erronément pour une manifestation de sénilité. En réalité, ce déficit d’attention est surtout le symptôme d’un manque de conscience du présent, manque de conscience qu’il ne faut pas systématiquement déplorer (il n’y a rien de mal à être parfois rêveur ou distrait), sauf si elle se produit pendant les moments où l’on souhaite précisément être intensément présent, conscient ainsi de soi et du monde (une fusion mystique où le un se manifeste), ceux - pour le dire sommairement - où l’on médite.
P.S. : Dans le billet du 16 décembre 2014 il était question d’humilité.
Photographe, écrivain, sophrologue et enseignant de raja yoga, j’ai bourlingué des années en Asie et vécu longtemps dans des ashrams indiens. Lecteur de toutes les philosophies et amoureux de tous les silences, je vous livre ici mes fulgurances d’après ... silence.
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