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FULGURANCES D’APRÈS SILENCE

concept

Chérir la sagesse n’est pas être sage, Pythagore l’avait déjà dit, lui qui le premier avait utilisé le terme de philosophie et dit de lui-même qu’il n’était que philosophe, un être chérissant la sagesse, à défaut de la posséder lui-même*. 

Pourtant, quand on se penche sur la vie des philosophes anciens (indiens, grecs, chinois, etc.) on voit bien qu’à quelques notables exceptions près ces gens vivaient leur enseignement et que, si cela n’avait pas été le cas, leur renommée n’aurait pas traversé les siècles pour arriver jusqu’à nous (malgré les vicissitudes de l’histoire, comme par exemple l’acharnement du christianisme à museler la pensée grecque, revenue à nous au XIème siècle grâce aux traductions arabes d'Al Andalus).

 

Signe peut-être des temps, la philosophie d'aujourd'hui a de moins en moins à voir avec la sagesse. Outre leur immodestie, les philosophes orientaux disent souvent un chose pour en faire une autre. Quant à la philosophie occidentale, elle s’est étrangement vulgarisée et dispersée - hormis des exceptions notables, cela dit -, s’occupant de mille sujets (on n’ose plus dire concepts) qu’elle essore (parfois avec brio, certes) jusqu’à leur dissolution dans le négligeable. 

 

Le concept de méditation est celui qui nous occupe ici. Il a l’avantage de permettre toutes les ouvertures. La méditation est d’abord un état d’esprit sur lequel on peut s’étendre et disserter à l’infini. Mais dans ce cadre, pourquoi ne pas traiter aussi de mille autres sujets dans la mesure où on médite soi-même et pourvu que ces sujets soient traités avec le recul que procure la fréquentation du silence ?

Aucun méditant ne vivant dans une tour d’ivoire, libre à lui, me semble-t-il, de parler de ce qui l’intéresse (la signification de l’existence, la souffrance inhérente au vivant, la perception de l’univers, l’hypothétique existence de dieu, par exemple), l’inquiète (l’imposture des religions, les ravages de la croyance, le caractère moutonnier de l’humain, la violence, l’égocentrisme, etc.), voire le terrifie (la surpopulation de l’espèce humaine, le saccage de la planète, notre suicide programmé, etc, etc...). Ce ne sont là que quelques exemples.

 

Ce qui n’est pas traité par contre sur ce blog, c’est comment méditer. Rechercher une méthode serait, nous semble-t-il, une stupidité, et en proposer une, une imposture, car dès que l’on a compris que la méditation est un état d’esprit plutôt qu’une spécialité requérant une expertise (vous apprend-on à marcher, à respirer ?), tout devient simple, toute méthode s'avère superflue. On le voit bien d’ailleurs, pourvu que l’on soit quelque peu sain d’esprit et que l’on dispose de temps, de patience et de recul, dès qu’on se met à méditer, les sujets dont on se nourrit intellectuellement se bousculent dans la tête, la réflexion se met en place, les choses s’agencent (et parfois aussi se compliquent*), quelques délicieuses fulgurances surgissent parfois, et on comprend le monde un (tout petit) peu mieux. Avec le silence et l’extase que cet état d’esprit procure, que demander de plus ?

 

 

 

 

* : Voir Diogène Laërce, Vies et doctrines des philosophes illustres, Pochothèque, 1999, p. 72)

** : « Je n'ai jamais vu de problème, si compliqué soit-il, qui lorsqu'on l'aborde correctement ne devienne encore plus compliqué », écrivait Paul Anderson, cité par Koestler dans « Le cheval dans la locomotive » (Calmann-Lévy, 1968, p. 61).

P. S. : Dans le billet du 13 septembre 2016 il était question de spécificité.

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À propos
Marc

Photographe, écrivain, sophrologue et enseignant de raja yoga, j’ai bourlingué des années en Asie et vécu longtemps dans des ashrams indiens. Lecteur de toutes les philosophies et amoureux de tous les silences, je vous livre ici mes fulgurances d’après ... silence.
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