FULGURANCES D’APRÈS SILENCE
15 Mai 2019
Climat, biodiversité, air, eau, sol : depuis plusieurs siècles nous dégradons le capital naturel dont nous héritons, et chaque génération s’y emploie avec plus d’application et d’efficacité que la précédente dans une sorte de rage, comme si nous voulions nous punir, nous suicider, payer au fond pour notre comportement intolérable. Nous sommes en train de nous détruire en quittant (en sifflotant pour la plupart) l’étroite fenêtre à l’intérieur de laquelle les paramètres planétaires fondamentaux nous permettaient de vivre.
Donc, la question aujourd’hui n’est peut-être déjà plus de nous sauver, nous l’humanité, mais de quitter la scène avec classe, comme quand on laisse un bon pourboire au mauvais serveur ou qu’on laisse la vie sauve au criminel (même génocidaire, n’en déplaise à Hannah Arendt*).
Il serait donc élégant d’agir enfin correctement sur cette planète (un peu comme s’il était encore temps tout en sachant qu’il est trop tard). Ce qui veut dire révérer enfin le monde manifesté, respecter l’homme, son environnement et toute vie autant que la sienne (ayant enfin compris que l’anthropocentrisme est une tragique attitude), être non-violent, mettre en pratique les quatre sentiments bouddhiques exempts de limites (apramana-citta)** et s’adonner à l’ataraxie par la fréquentation intense du silence.
*: Qui décréta, s'adressant à Adolf Eichmann: « Et parce que vous avez soutenu et exécuté une politique qui consistait à refuser de partager la terre avec le peuple juif et les peuples d’un certain nombre d’autres nations[…] pour cette raison seule vous devez être pendu. »
(Eichmann à Jérusalem, Hannah Arendt)
** : La bienveillance ou loving kindness (maitri), la compassion (karuna), la joie du bonheur qui échoit à autrui (mudita), l’indifférence ou équanimité (upeksha), tout cela se résumant en l’insurpassable souhait : « Que tous les êtres soient heureux. » (Sutta-nipata, I, 8.)
P.S. : Dans le billet du 15 mai 2018 il était question de bonheur.
Photographe, écrivain, sophrologue et enseignant de raja yoga, j’ai bourlingué des années en Asie et vécu longtemps dans des ashrams indiens. Lecteur de toutes les philosophies et amoureux de tous les silences, je vous livre ici mes fulgurances d’après ... silence.
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