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FULGURANCES D’APRÈS SILENCE

volupté

Certes le diaphragme est à l’arrêt en fin d’expiration, et d’autant plus longtemps que l’on retient l’inspiration qui suit*. Mais est-on alors pour autant au repos, extasié, repu de vie en quelque sorte tout en étant toujours (bien) vivant ? 

C’est peut-être un erreur de croire que c’est là le nec plus ultra, car le corps ainsi n’est pas immobile, il est immobilisé, ce qui pour le yogi n’est pas la même chose. Maintenir le diaphragme bloquant le retour de l’inspiration demande et constitue un effort mental, et donc aussi physique. Le repos total, cette approche de la mort tout en étant vivant** est encore loin. 

(Seul le méditant peut accéder à cette porte, mais puisqu’il refuse de l’ouvrir et qu’il fait demi-tour, il ne peut rien en dire qui ne soit trompeur. Quant au hatha yogi, le moment de son plus grand repos, de son plus grand soulagement, advient peut-être quand il expire longuement en prononçant de tout son corps un OM qui le ramène à tout ce que la Mandukya Upanishad lui a appris.)

 

 

 

 

* : Parlant de la respiration diaphragmatique, André Van Lysebeth concluait : « Le relax absolu ne peut donc se situer que pendant les quelques secondes de répit qu’on s’accorde en retenant le souffle A POUMONS VIDES. » (J’apprends le yoga, Flammarion, 1980, p. 41)

** :  C'est ce que Koestler reprochait à ce qu’il appelait « le Yoga », ne voyant pas dans cet approche son côté instructif, seulement le morbide. Généralement mieux inspiré (voir ce billet du 21 novembre 2018: éveil), citant la Brihadaranyaka Upanishad et Krishna Menon, il concluait :

« Et, puisque le premier et le dernier des buts du Yoga, depuis ses origines védiques jusqu’à ce jour, a toujours été l’Union mystique du samadhi, nous sommes maintenant mieux placés pour comprendre la signification ultime qui se cache derrière ces techniques apparemment perverses. C’est un procédé d’entraînement systématique du corps qui vise à le laisser consentir volontairement à sa propre destruction par étapes progressives - depuis l’arrêt de la respiration vitale, en passant par l’arrêt temporaire de la conscience, jusqu’à la démarche ultime. » (Le lotus et le robot, Calmann-Lévy, Paris 1961, p. 156)

(Pas plus que ses philosophies (darshana), l’Inde ne se prête bien à la compréhension immédiate. Ce pays est un piège pour un esprit vif mais avide de saisie et de décodage, comme Koestler. On ne sait si on doit lui pardonner d'avoir si mal compris ce monde et d’en avoir quand même parlé, lui qui comprit si bien tant de choses. )

P.S. : Dans le billet du 25 avril 2009 il était question de l’essentiel.

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À propos
Marc

Photographe, écrivain, sophrologue et enseignant de raja yoga, j’ai bourlingué des années en Asie et vécu longtemps dans des ashrams indiens. Lecteur de toutes les philosophies et amoureux de tous les silences, je vous livre ici mes fulgurances d’après ... silence.
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