FULGURANCES D’APRÈS SILENCE
3 Novembre 2018
La nature, dont on parle beaucoup en ces temps où l’homme quitte lentement la scène terrestre, la nature dont on fait grand cas donc maintenant, non pour la sauver mais pour disserter (stérilement) sur ce concept aujourd’hui porteur, cette nature n’existe plus, elle a rendu l’âme.
Ce qui entoure le village où je vis n’a plus rien avoir avec ce qu’il était à ma naissance. Même au bout du monde, en Nouvelle-Zélande, ces dernières îles à avoir été envahies par l’homme, hormis quelques forêts primaires protégées à présent de l’homme lui-même, les paysages vides qui s’étendent à perte de vue (et que le gouvernement qualifie de naturels afin d’attirer les touristes) sont en réalité façonnés par l’homme et ses moutons et vaches. Rien à voir avec ce que c’était avant que l’on brûle les forêts et rôtisse ses pauvres petits habitants. Les quelques survivants de l’éden, tuataras et autres kiwis, sont à présent dans des zoos, protégés à grands frais de l’environnement (on n’ose dire de la nature) et de ses habitants importés malencontreusement (opossums, rats, hermines, chats sauvages, furets) par d’impressionnantes clôtures.
Rien de naturel en Nouvelle-Zélande donc non plus. Partout la nature a rendu l’âme, il ne reste plus rien sur lequel s’appuyer. Nous avons cassé nos propres béquilles, sans lesquelles nous ne pouvons marcher.
Où trouver encore de la joie lorsque l’on a cette lucidité ? Certains diront dans le court terme, en brûlant la chandelle par les deux bouts, dans l’ « après moi le déluge », expression qui n’a jamais été aussi pertinente. D’autres la trouveront dans le silence et, plutôt que dans le regret, dans la focalisation sur les questions essentielles, toujours irrésolues mais qui auraient peut-être trouvé réponse si on avait eu le temps, si l’homme s’était donné la peine de durer.
P. S. : Dans le billet du 3 novembre 2017 il était question d’honnêteté.
Photographe, écrivain, sophrologue et enseignant de raja yoga, j’ai bourlingué des années en Asie et vécu longtemps dans des ashrams indiens. Lecteur de toutes les philosophies et amoureux de tous les silences, je vous livre ici mes fulgurances d’après ... silence.
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