Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

FULGURANCES D’APRÈS SILENCE

non-violence

Je passais l’autre jour devant une vieille chapelle trônant sur un plateau où d’habitude souffle l’esprit. Une affiche électorale l’occultait depuis le meilleur endroit pour la contempler, violant ainsi littéralement le paysage. Passant sur ce que cela veut dire des élus de nos démocraties et donc de nos démocraties mêmes, je n’en retins qu’une chose : c’étaient là des hommes et des femmes qui profanaient de leurs sourires insincères un lieu pur que chacun devrait protéger. 

Furieux, je me suis dit alors, avec une certaine légèreté, je l’avoue, que ce n’était pas seulement les femmes qui devraient avoir droit à un #metoo, mais aussi ce paysage et tant d’autres : « Moi aussi, on me viole », se plaignent-ils.

Et de fil en aiguille, j’en vins à comprendre la portée immense que pourrait avoir cette réflexion si on la poussait plus loin. Qui pourrait dire « moi aussi, on me viole » sur cette terre des hommes ? Les arbres, non ? Et les mammifères ? Et les rivières ? Et les mers ? Et les poissons ? Et les oiseaux, les insectes, les chauves-souris, moi aussi, moi aussi, moi aussi, tout le vivant en réalité (et la planète terre aussi bien sûr, qui vit aussi et nous a tant donné) proteste comme un seul homme contre… l’homme.

Chacun sur cette terre subit la loi du plus fort, et le plus fort des plus forts n’est-ce pas l’humain qui joue à ce petit jeu appelé « c’est toujours les petits qu’on écrase », et cela même avec ses congénères : ses esclaves, ses enfants, ses pauvres, ses sans-abris, ses migrants, ses sans-papiers et bien entendu sa proie favorite : ses femmes ? L'homme est né prédateur et, tragédie absolue, lui qui aurait dû prendre soin de ce vivant qui lui est inférieur en puissance, il ne connaît pas de scrupules. 

Si le monde va à sa perte, à qui la faute donc? C’est que la loi du karma ne souffre aucune exception : l'impitoyable prédation implique la souffrance qui se retourne elle-même contre le prédateur pour le punir, et à l’échelle de l’espèce humaine - puisque c’est de cela qu’il s’agit -, le faire disparaître*.

Quant aux méditants, s’ils ont bien intégré le concept de non-violence absolue prônée par leur meilleur instructeur, Patanjali, ils observent, impuissants, le désastre qui se précise.  Mais qui parle encore de Patanjali aujourd’hui, ou de Gandhi, eux qui auraient pu nous sauver de nous-mêmes?

 

 

 

 

* : La terre se révoltera sans doute contre son principal prédateur, son plus cruel habitant, l’homme, en faisant en sorte que se suicide par ses excès cet être doté, 1) d’une intelligence le rendant capable de bien gérer et de protéger tout le vivant qui est après lui dans l’échelle de la sophistication (si l’on peut dire - si ce n’est pas un piège de l’anthropocentrisme (un piège « spéciste », dirait-on aujourd’hui)  du vivant sur terre et qui y est donc à sa merci et sous sa protection (on imagine que ce pourrait être là sa mission originelle, sa raison d’être sacrée, et 2) d’une absence totale de scrupules quant à ses devoirs - ce qui est peut-être le cas aussi sur toutes les planètes habitées de l’univers avec leurs êtres les plus sophistiqués, et qui, en plus d’expliquer qu’aucune intelligence supérieure n’a vécu suffisamment longtemps pour qu’elle puisse nous visiter sur terre, consacrerait le fait que l’égo partout dans l’univers détruit au final la conscience et ainsi empêche celle-ci de devenir si puissante qu’elle pourrait demander à dieu d’expliquer certaines choses apparemment choquantes de son fait et éventuellement de rendre des comptes pour sa si imparfaite œuvre (s’il s’avère qu’il n’a pas de bons arguments pour se défendre).

P. S. : Dans le billet du 23 octobre 2009 il était question d’une supputation.

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
À propos
Marc

Photographe, écrivain, sophrologue et enseignant de raja yoga, j’ai bourlingué des années en Asie et vécu longtemps dans des ashrams indiens. Lecteur de toutes les philosophies et amoureux de tous les silences, je vous livre ici mes fulgurances d’après ... silence.
Voir le profil de Marc sur le portail Overblog

Commenter cet article