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FULGURANCES D’APRÈS SILENCE

laideur

À l’approche les élections locales, les prospectus des candidats engorgent les boîtes aux lettres. "Votez pour le mieux (changement pour les uns, tradition pour les autres), c’est-à-dire pour moi", disent-ils tous, la main sur le cœur et le sourire carnassier aux lèvres. Et de nous donner pour tout argument dans ces prospectus pour lesquels de malheureux arbres ont été abattus, outre leur nom et âge, leur fonction : plombier, banquier, « décideur »,  spécialisé en ceci ou cela, que sais-je encore. Ah la fonction ! Que serait-on sans elle ? 

Car voit-on jamais l’un de ces candidats se dire spécialiste du temps libre, dilettante, poète, voyageur, méditant ou même homme à ne rien faire, tous ces professionnels de l’inutilité qui ne font rien mais pensent pourtant aussi, et d’autant mieux qu’ils ont du temps pour cela et, depuis leur retraite, du recul ? Pas à ma connaissance.

Certes, dans un monde où le « travail » n’est plus un instrument de torture, où l’image fait la femme et l’homme (celui-ci le plus souvent en cravate), ces bons à rien sont déconsidérés par leurs contraires, les agités de la performance. 

Cependant on pourrait voir la chose sous un autre angle et se rappeler ce proverbe africain : « Là où le monde est agité par des convulsions démentielles celui qui demeure calme est le fou. » On pourrait aussi se souvenir que Lacan dans L'Éthique de la psychanalyse faisait remarquer que le ratage dans la vie, c’est quand on devient la fonction que l’on occupe, se résumant ainsi à un signifiant (de plus en plus boursouflé de nos jours). Et pour achever de se convaincre que l’on est dans le bon quand on s’abstient de faire, deux choses encore : 

- Les anciens Chinois, qui savaient intuitivement ce qu’étaient le Tao, avaient une vision très particulière de celui-ci. Certes ils se gardaient de le définir, mais ils avaient remarqué quand même que bien qu’il ne fasse rien, tel le moyeu d’une roue, sans ce Tao rien ne pouvait se faire (ou, dit plus poétiquement, regardant pousser l’herbe, ils avaient vu que le printemps venait bien tout seul). 

- « Qui laisse une trace, laisse une plaie », disait Michaux. Bien sûr, c’était là, sous sa plume, un aphorisme radical plus qu’un vibrant plaidoyer pour l’ataraxie, mais il me plaît de penser que ce familier de l’Asie en avait compris toute la profondeur, même si à l’époque on ne connaissait pas encore le concept judicieusement culpabilisant d’empreinte écologique. Une empreinte qu’aucun humain ne peut se défendre d'avoir, ni vous ni moi ni ces politiciens adeptes de prospectus et d’affiches qui sollicitent nos voix pour ne même pas nous préserver de la laideur (voir les deux photos adjointes).

Platon avait peut-être raison de penser que la politique devrait être du ressort des philosophes… à condition qu’ils soient un rien taoïstes bien sûr.

 

 

 

 

P. S. : Dans les billets du 9 octobre 2017 il était question d’hésitations et d’imposture.

 

Avant c'était mieux. Les paysages aussi sont violés sans vergogne. Ils leur faudraient peut-être un #metoo eux aussi...
Avant c'était mieux. Les paysages aussi sont violés sans vergogne. Ils leur faudraient peut-être un #metoo eux aussi...

Avant c'était mieux. Les paysages aussi sont violés sans vergogne. Ils leur faudraient peut-être un #metoo eux aussi...

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À propos
Marc

Photographe, écrivain, sophrologue et enseignant de raja yoga, j’ai bourlingué des années en Asie et vécu longtemps dans des ashrams indiens. Lecteur de toutes les philosophies et amoureux de tous les silences, je vous livre ici mes fulgurances d’après ... silence.
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