FULGURANCES D’APRÈS SILENCE
23 Octobre 2018
Commentant* un de ces ouvrages surfant sur la veine porteuse de l’ « apocalyptisme » (un néologisme de mon cru) dans le Monde des Livres du 19 octobre dernier, l’excellent Roger-Pol Droit** remarque que l’essai en question sera considéré par ceux de ses lecteurs « qui pensent que des convulsions plus ou moins fortes attendent certainement l’espèce humaine, mais qu’elles n’auront rien de mortel » comme un symptôme. « Mais de quoi ? », demande-t-il. Et de répondre lui-même : « De l’effondrement croissant de notre capacité à concevoir la continuité du monde. »
Soit, mais même cela n’est-ce pas déjà gravissime et ne doit-on pas s’en s’alarmer ? Car s’il n’y a plus cette capacité à concevoir la continuité du monde, s’il n’y a plus l’espoir, y a-t-il encore un monde à nous attendre ? « Ce qu’est sa conviction, ainsi est l’homme », dit la Bhagavad Gita (en XVII. 3), l’homme, cet être « constitué exclusivement de désir » dont la Brihadâranyaka Upanishad (en IV, 4-5) dit que « tel son désir, telle sa volonté; telle sa volonté, tel sera son agir; tel son agir, telle sera sa fin dernière », cet homme encore qui, tel Rimbaud pourrait dire: « Je me crois en enfer, donc j'y suis. ***»
* : http://rpdroit.com/2018/10/18/tout-va-secrouler-meme-pas-peur/
** : Mais pour une fois moins bien inspiré lorsqu’il conclut en laissant entendre que les plus pessimistes d’entre nous confondraient la fin d’un monde et la fin du monde et que c’est cette dernière, l’apocalypse telle qu'on l'entendait à Patmos donc, qu’ils prédisent.
*** : Dans Une saison en enfer (Nuit de l'enfer).
P. S. : Dans le billet du 23 octobre 2017 il était question d’attributions.
Photographe, écrivain, sophrologue et enseignant de raja yoga, j’ai bourlingué des années en Asie et vécu longtemps dans des ashrams indiens. Lecteur de toutes les philosophies et amoureux de tous les silences, je vous livre ici mes fulgurances d’après ... silence.
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