FULGURANCES D’APRÈS SILENCE
10 Août 2018
Si vous souffrez d’insomnies, n’écoutez surtout pas les recettes prodiguées par ceux qui se proposent de vous aider : elles ne s’en trouveraient que plus problématiques car, en adoptant les méthodes de leurs ouvrages « en dernier recours », l’échec s’il advenait, serait trop terrible, ressenti comme définitif en quelque sorte, et cet échec pourtant est plus que probable dans ces conditions, car l’anxiété de ne pas réussir et l’opiniâtreté qui se renforceront sont les premiers ennemis de l’insomniaque. Certes, certaines recommandations frappées au coin du bon sens ne sont pas toujours inutiles, mais pour le reste, mieux vaut ne s’en remettre qu’à vous-même et adopter une attitude désinvolte, une fois au lit : vous ne dormez pas, tant pis, … et voilà le sommeil qui vient une fois que l’on ne l’attend plus !
Pour la méditation, c’est un peu la même chose : toute méthode est à proscrire. D’abord parce que les ouvrages sur le sujet (de plus en plus nombreux depuis la psyché de l’occidental est de plus en plus malade) prétendent vous apprendre ce que c’est. Ils ne doutent de rien, ces auteurs (même pas qu’ils vous trompent), car ils n’ont forcément pas d’expérience en la matière. En auraient-ils, qu’ils seraient beaucoup moins sûrs d’eux, car plus on médite, moins on a de certitudes en tous domaines et donc aussi sur ce qu’il faut étendre par méditer*, un sujet bien trop vaste pour être défini une fois pour toutes et a fortiori, circonscrit dans une méthode.
Quant à vous, à les lire vous allez vous trouver avec un problème de plus : cette activité aussi naturelle que la respiration** (et le sommeil), vous ne saurez bientôt plus comment vous y prendre pour la pratiquer, maintenant que l’on vous a dit ce que c’est.
Conclusion : la seule chose qui est sûre en ce qui concerne ces ouvrages sur le sommeil et sur la méditation, c’est que leurs auteurs se frottent les mains quand vous les acheter.
[A noter que tout ceci s’inscrit dans un contexte plus vaste où le non-effort doit être privilégié: cela ne concerne pas seulement les arts de dormir ou de méditer, mais aussi les bons usages du mental et de la mémoire (voyez ceci).
Pour vous débarrasser d’une pensée obsédante ou d’un air qui vous trotte dans la tête ne faites aucun effort, n’exigez rien, ne montrez aucune hâte, aucun agacement, laissez faire. Pour vous rappeler un nom, un chiffre ou tout autre chose, ne faites aucun effort, n’employez aucune méthode, oubliez votre tâche et laissez venir la réponse : elle est en vous, il suffit de la laisser sortir. Cette mémoire, au plus vous déplorerez que vous la perdez, au moins vous en aurez. Car chaque oubli va prendre des proportions gigantesques, vous empêchant d’opérer comme il se doit avec elle, à savoir en en faisant votre amie, en étant patient avec elle, en oubliant temporairement (consciemment et inconsciemment) la question que vous posez, comme si cela n’avait pas d’importance, ce qui va la titiller, la vexer et lui faire reprendre du service, histoire de vous montrer qu’il faut encore compter sur elle.]
* : Rien que sur ce blog, des milliers d’articles ont déjà été écrits sur le sujet.
** : Et bientôt quand les gens seront encore plus crédules, on va leur apprendre aussi à respirer. On attend le premier charlatan-instructeur en ce domaine.
P. S. : Dans le billet du 10 août 2016 il était question de richesse.
Photographe, écrivain, sophrologue et enseignant de raja yoga, j’ai bourlingué des années en Asie et vécu longtemps dans des ashrams indiens. Lecteur de toutes les philosophies et amoureux de tous les silences, je vous livre ici mes fulgurances d’après ... silence.
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