prétention

Dans le désordre :

- Tout qui pense qu’il fait le bien (par exemple en étant bénévole*) ne le ferait pas vraiment. Et cela semble encore plus évident, s’il veut qu’on le sache. Voyez cette histoire racontée par Tchouang-tseu :

Maître Yang allant dans le pays de Song, passa la nuit dans une auberge. L’aubergiste avait deux concubines, l’une belle, l’autre laide. La laide était aimée, la belle ne l’était pas.

- Pourquoi cela ? demanda de Maître Yang. 

- Parce que, lui dit le garçon de service, la belle sait trop sa beauté, et nous ne remarquons plus sa beauté, tandis que la laide se sait laide, ce qui fait que nous ne voyons pas sa laideur. 

- Retenez ceci, disciples, dit Maître Yang : « Qui accomplit de bonnes actions sans penser à sa bonté sera aimé partout. »

(Tchouang-tseu, Œuvre complète, Gallimard/Unesco, 1969, p. 166)

- Tout qui pense qu’il vous parle du Tao, ne parlerait pas vraiment de lui, le Tao étant ce dont rien ne peut être dit.

- Tout qui prétend aimer dieu ne l’aimerait pas vraiment, cet amour-là rendant pudique.

- Tout qui prétend renoncer au monde n’y renoncerait pas vraiment, car le prétendre ce serait vouloir que ce monde l’entende.

- Tout qui est conscient qu’il médite et s’en félicite ne méditerait pas vraiment, il se caresserait juste le nombril.

La prétention nous trahit. Ce qui renforce l’intuition que l’ego est un problème et, pour ceux qui poussent la réflexion encore plus loin, qu’il est illusoire.

Voilà comment, de simples réflexions sur nos travers, on en arrive à une évidence philosophique pourtant ignorée de la plupart des gens (philosophes inclus) qui, pour ne pas la connaître, font du monde une immense mascarade où chacun porte le masque qu’il choisit pour se rendre beau, pensant que les autres…, ces autres qui, eux aussi… 

* : Sur le bénévolat voyez ce billet. 

P. S. : Dans le billet du 13 août 2015 il était question de discernements.