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FULGURANCES D’APRÈS SILENCE

transformations

Avoir la foi (dite parfois du charbonnier) ou toute autre certitude (qu’il ne faut pas qualifier d’irrationnelle sous peine de pléonasme, quasiment toute certitude étant irrationnelle, en tout cas pour le sceptique) d’ailleurs, c’est avoir été délesté de son esprit critique, conditionné, endoctriné, donc transformé par une sorte de décérébration. Pour toute personne rationnelle, c’est une calamité.

La foi est cet entêtement pernicieux qui fait voir à celui qui en est atteint tout retour à la réflexion comme inutile et toute tentative de déradicalisation, de déconditionnement, de « reraisonabilisation » (néologisme que j’assume) de la part d’autrui comme le fait de quelqu’un qui ne peut saisir ce que vous, le convaincu, vous avez le bonheur de comprendre pour avoir été et être encore touché par la grâce que seuls connaissent « les élus ». Pour ce qui veut être hasardé ici, voyons cela comme une transformation.

A ma connaissance du moins, on ne fait jamais l’hypothèse que cette transformation pourrait être un artifice de l’espèce, le cerveau le générant pour aider à vivre [1) estimer qu'il n'y a pas de mal à aimer un Dieu tout-puissant et pourtant capable de générer la souffrance inhérente à sa création* et de la supporter est bien nécessaire ici,  et d'autre part (2) trouver un sens, même tronqué, à la vie peut aider à supporter cette existence qui pour un être lucide est difficile à motiver, car insensée (littéralement) et inexplicablement dominée par la souffrance**afin de continuer à nous reproduire (la vie étant perçue alors comme un merveilleux cadeau qu'il faut en quelque sorte rendre), car c’est le dessein de l’espèce de faire de ses membres des instruments inconditionnels de sa perpétuation.

Les astuces de l’espèce sont nombreuses, chez l’humain d’ailleurs on pourrait même considérer le délicieux sentiment amoureux sous l’angle de ce que Schopenhauer appelait le génie de l’espèce à l’œuvre dans la sexualité.

Mais restons-en aux transformations pour tenter un rapprochement audacieux : tout comme l’humain peut se transformer en croyant, en élu, en touché par la grâce (toutes expressions que, transformé, il peut alors utiliser sans sourire pour se définir), tout comme il peut être atteint d’un « coup de foudre » dont il ne perçoit pas la cause véritable, certaines espèces de poissons peuvent aller, elles, jusqu’au changement de sexe [il s’agira plus souvent de protogynie (passage d'une femelle à un mâle) que de protandrie (l’inverse), comme dans le cas du kobudai, pour des raisons expliquées ici] en cours d’existence car cette stratégie leur est bénéfique pour maximaliser leur reproduction (lisez l’article mis en lien quelques mots plus haut pour plus d’explications).  

Bien entendu, il n’est pas ici question de dénigrer l’humain en le comparant au poisson, il s’agit seulement de rapprocher deux phénomènes naturels afin de comprendre pourquoi des gens comme vous et moi peuvent se déclarer du jour au lendemain totalement transformés et devenir irrécupérables pour la méditation apaisée et dénuée de tout idée préconçue, concept que l’anglais traduit fort pertinemment pas prejudice.

 

 

 

 

* : Les arguments de Leibniz, ontologique, religieux, de l'harmonie cachée ou encore de la loi du karma ont bien du mal à convaincre.

** : Même si vous connaissez, vous, le bonheur, voyez autour de vous.

P. S. : Dans le billet du premier février 2016 il était question d’une expérimentation.

 

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À propos
Marc

Photographe, écrivain, sophrologue et enseignant de raja yoga, j’ai bourlingué des années en Asie et vécu longtemps dans des ashrams indiens. Lecteur de toutes les philosophies et amoureux de tous les silences, je vous livre ici mes fulgurances d’après ... silence.
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