questionnement

« L’état stationnaire constitue toujours une régression », disait récemment un historien à la radio*.

Cette apologie sans nuance de l’action dont on nous abreuve en Occident a de tout temps gêné les adeptes du silence. Dès leurs premières expériences de l’immobilité, ceux-ci cessent souvent d’être des partisans du développement à tout prix. Non pas tellement parce qu’ils savent, comme Michaux, que « qui laisse une trace, laisse une plaie »  - et Dieu sait la frénésie de l’homme à lacérer sa planète pour ne pas déroger à son idéal de croissance ! - mais tout simplement parce qu’ils ont du mal alors à assimiler la stagnation au marasme et à voir en quoi l’immobilisme est déplorable. Une question de valeurs, sans doute. « Le changement, la croissance, pour quoi faire ? », en arrivent-ils à se demander.

« Pourquoi s’inquiéter du futur ? », demandait, lui, Ramana Maharshi. « Vous ne savez même pas très bien ce qu’est le présent. Prenez soin de celui-ci et le futur prendra soin de lui-même. **»

« Changez-vous vous-même et les réformes sociales prendront soin d’elles-mêmes*** »,

disait-il encore.

Des considérations que n’aurait sans doute pas contesté le Bouddha, lui dont le regard était si perçant qu'il voyait dans le désir, autrement dit dans le besoin tragiquement trop répandu de changer ce qui est, la cause fondamentale de la souffrance (deuxième noble vérité).

* : Hervé Hasquin à propos de l’Europe, le 21/11/17 à la radio à 12h15 sur la Première de la RTBF.

**: “Why should you worry about the future? You don't even know the present properly. Take care of the present and the future will take care of itself.”

(The Teachings of Bhagavan Sri Ramana Marharshi in his own words, Sri Ramanasramam, Tiruvanamalai, 1977, p. 106)

***: “Self-reform automatically results in social reform. Attend to self-reform and social reform will take care of itself.”

(The Teachings of Bhagavan Sri Ramana Marharshi in his own words, Sri Ramanasramam, Tiruvanamalai, 1977, p. 104)

P. S. : Dans le billet du 18 décembre 2015 il était question de prendre le parti de la bonne humeur : suggestion.