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FULGURANCES D’APRÈS SILENCE

effleurement

L’homme est devenu homme quand il a su qu’il ne saurait jamais. Là furent les débuts de l’intelligence.

Pour exprimer son humilité dans son approche de la Réalité Ultime, le philosophe d’hier disait que notre intelligence ne nous permettrait jamais de l’approcher que de très loin. Il la respectait et la considérait en fait comme inatteignable.

Ce louable aveu d’incompétence ouvrit cependant la porte à des escrocs prétentieux et sans scrupules, oracles, prophètes, magiciens, shamans, etc, profanant cette Réalité Ultime, soudain devenue approchable. On connaît la suite logique de ces escroqueries rendues aisées par la propension des foules à la crédulité: l’avènement des grandes religions, les guerres qu’elles se firent et se font encore, les innombrables tragédies qu’elles laissèrent (et laissent encore) dans leur sillage, sans même parler de leur responsabilité dans la stagnation de la pensée (songez par exemple à ce qu’aurait été le monde aujourd’hui sans deux millénaires de christianisme, mais avec Aristote, Plotin et Bruno comme lectures) comme dans le saccage de la planète, car beaucoup d’entre elles sont anthropocentristes.

Le philosophe d’aujourd’hui, moins modeste que celui d’hier et sans conteste plus terre-à-terre dira, lui, que nous ne savons encore que la millième partie de cette réalité ultime, mais que nous savons au moins cela. Remarquez qu’il n'y met même plus de majuscules.

Tout bien réfléchi, même s’il lui manque un doigt de poésie, je préfère la seconde attitude, non pas par ce qu’elle fait l’impasse sur la notion de sacré, oh que non, mais parce qu’elle conclut que nous pouvons progresser, que nous (nous) devons (de) progresser. Cette volonté de savoir, même accolée d’un sentiment d’impuissance, est importante. Elle fait de nous, humains, des êtres intelligents, en progrès, refusant de baisser les bras et faisant face au mystère de l’existence avec courage.

Les théories de la relativité, la théorie quantique, la recherche d’Hawkins pour unifier les forces à l’œuvre dans l’univers, la théorie des cordes, etc, tout cela nous rapproche pas à pas de cette réalité ultime qui, pensons-nous, n’est plus qu’à 999 pas d’être découverte. Oh, nous savons que nous ni arriverons jamais, surtout pas de notre vivant, mais l’homme continue comme s’il était immortel, comme si ses descendants allaient le devenir, et c’est la beauté de la chose : planter un arbre dont on ne cueillera pas les fruits, nos descendants peut-être, peut-être pas, parierions-nous plutôt, mais tant pis : nous sommes capables d’une attitude désintéressée, nous sommes des karma yogi doublés de jnani, nous cherchons non pas pour trouver mais pour chercher.

Et dans la beauté de cette démarche philosopho-scientifique où l’esprit se purifie de prendre tant de hauteur, sans le savoir, nous, matière, touchons au divin : pour reprendre les termes de la philosophie indienne du Samkhya-Yoga, Purusha (l’Esprit) y est effleuré par prakrti (la matière) et la Réalité Ultime (concept de la philosophie de la non-dualité, l'advaïta vedanta) est un peu moins loin.

 

 

 

P.S. : Abondant dans le sens de celui du jour, dans le billet du 29 mars 2012 il était d' étonnement.

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À propos
Marc

Photographe, écrivain, sophrologue et enseignant de raja yoga, j’ai bourlingué des années en Asie et vécu longtemps dans des ashrams indiens. Lecteur de toutes les philosophies et amoureux de tous les silences, je vous livre ici mes fulgurances d’après ... silence.
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