FULGURANCES D’APRÈS SILENCE
29 Août 2016
Il est difficile de comprendre pourquoi les gens sont si peu d’accord avec Cioran quand il dit: « Ne pas naître est sans contredit la meilleure formule qui soit. Elle n'est malheureusement à la portée de personne.*»
Est-elle si effrayante cette perspective de n’être pas né, de n’être pas là (même dans le meilleur des cas, dans une vie sans souffrance et entièrement dévolue à l’extase - ce qui n’est malheureusement pratiquement jamais le cas)?
N’être pas là, c’est le vide. Pas l’absence de quelque chose, non: l’absence de tout, même de la notion de vide, encore bien trop « pleine » pour ce vide. Une vide dont on ne peut pas parler puisqu’il n’y aurait rien, un peu comme ce silence du méditant dont on peut rien dire, dont on ne peut même pas savoir qu’on l’a vécu (sauf peut-être par les fulgurances qui surgissent à sa sortie).
Mais j’y pense, si de ce vide on ne peut même pas parler, c’est peut-être tout simplement parce qu’il ne peut exister, et que le monde est dévolu à son contraire, à l’existence, et que même Dieu ne peut rien y faire. Peut-être essaye-t-il, s’il est Bonté, de nous faire nous échapper, mais est-il assez puissant pour y arriver? Et le silence du méditant (l’absence de pensée), n’est-ce pas le seul moment où ses créatures peuvent un tant soit peu y parvenir, dans ce fameux point de tangence entre purusha (l’esprit) et prakriti (la matière) dont parlent les hindous dualistes. À moins que, tout comme ce vide pourrait bien ne pas exister, le silence du méditant ne se soit lui aussi que parfaitement illusoire et que là encore, il n’y ait que « l’inéluctable existence ».
P.S.: Dans le billet du 29 août 2014 il était question d’une citation de Sylvain Tesson. Ce billet s’intitulait contemplation.
Photographe, écrivain, sophrologue et enseignant de raja yoga, j’ai bourlingué des années en Asie et vécu longtemps dans des ashrams indiens. Lecteur de toutes les philosophies et amoureux de tous les silences, je vous livre ici mes fulgurances d’après ... silence.
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