FULGURANCES D’APRÈS SILENCE
24 Mai 2016
Un sens ne s’esquisse jamais à la vie. Celle-ci est « un message griffonné dans le noir », comme le disait si joliment Vladimir Nabokov*. Nous sommes en éternelle errance. Voilà notre tragédie à nous, humains égarés dans l’univers. Nous ne savons d’où nous venons, où nous allons, ni pourquoi.
Certains diront que le sens est caché, qu’il nous dépasse, et qu’il est important d’aller de l’avant, les yeux bandés**.
Et que font-ils alors, les yeux bandés? Ils se reproduisent, faute de mieux. Cela ne mènera pourtant les générations futures nulle part. Aucun sens ne s’esquissera pour eux non plus, leurs géniteurs le savent.
Certes la sexualité et l’amour, ces délicieuses ruses de l’espèce (comme disait Schopenhauer, parlant de la première) auxquelles personne - excepté le bigot - ne voudrait se soustraire, sont importants pour l’équilibre. La première est même le meilleur exutoire à la violence.
Mais la recherche du sens, quoique vouée à l’échec, ne commence-t-elle pas réellement avec ce sentiment que c’est maintenant ou jamais, qu’il n’y aura pas de partie remise, ni de passage à témoin pour un relais qui ne mènerait de toute façon nulle part?
*: Dans Feu Pâle, Ed. Gallimard, 1961, p. 38.
**: On reste sceptique, à l’instar par exemple (un exemple parmi une foultitude possible) du critique Jacques De Decker qui, dans le journal Le Soir du 27/7/94, écrivait:
« Dans "Tout change parce que rien ne change", il [J. F. Kahn, dont il commente l’ouvrage] bouleverse les idées reçues que nous caressions il n'y a guère encore à propos de la notion de progrès. Il faut dire qu'elle en prend un coup, ces temps-ci. La moindre allusion à des lendemains qui pourraient encore chanter se heurte à l'incrédulité et à l'hilarité générales. Qu'il puisse y avoir un sens à l'histoire laisse sceptique le plus confiant. »
P.S.: Le billet du 24 mai 2011 s’intitulait optimisme.
Photographe, écrivain, sophrologue et enseignant de raja yoga, j’ai bourlingué des années en Asie et vécu longtemps dans des ashrams indiens. Lecteur de toutes les philosophies et amoureux de tous les silences, je vous livre ici mes fulgurances d’après ... silence.
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