FULGURANCES D’APRÈS SILENCE
21 Mai 2016
La psychologie s’occupe de penser les gens tels qu’ils vivent: avec leurs conditionnements, leur vie "comme on leur a toujours appris" et qu’on leur impose, pensent-ils, leur ignorance de l’instant qui passe, leur désintérêt pour le soleil qui se lève avec gloire chaque jour sur le monde et pour tout le reste qui compte*. Ils ne sortent jamais de cet espace qu’ils pensent fermé. Leur prison.
Mais sa porte n’est pas fermée en Réalité. Et très peu le savent. Chacun est libre. Rien ne nous est imposé que nous ne nous imposions nous-mêmes. La philosophie (l’amour de la sagesse, pas la philosophie pragmatique et médiatique d’aujourd’hui bien sûr, ni même celle des idées**) devrait idéalement s’occuper de ce qu’il y a, une fois cette porte ouverte.
Mais puisqu’on a lui volé son nom*** à cet amour de la sagesse, il faudra lui en trouver un autre pour aller au-delà des idées vers "ce qui n’a pas de nom": la science du mystère, de l’esprit, de la méditation (je pencherais pour ce choix), de l’éveil, de libération, de l’harmonie, de l’extase, de la vacuité, de la non-dualité, que sais-je encore? Le choix est vaste et malaisé. Il demanderait une longuuuue réflexion qui passerait nécessairement par le relecture de quelques fondamentaux: Lao-tsu, Shankar, Ramana Maharsi, Sri Nisargadatta Maharaj, Arthur Koestler (le chapitre Les heures à la fenêtre, dans Hiéroglyphes, Œuvres autobiographiques, Arthur Koestler, Laffont, Bouquins, 1994, p. 643 à 661) et bien entendu, les 49 poèmes de l’hétéronyme de Fernando Pessoa, déjà cité: Caeiro; Caeiro qui, comme Lao-Tsu bien avant lui, disait ainsi son amour de la sagesse: Mais ainsi, sans penser, je possède et la Terre et le Ciel. (Le Gardeur de troupeaux, Fernando Pessoa, Gallimard, 1987, p. 86)
*: Car, comme disait Alberto Caeiro:
Il ne suffit pas d’ouvrir la fenêtre
pour voir les champs et la rivière.
Il ne suffit pas de n’être pas aveugle
pour voir les arbres et les fleurs.
(Le Gardeur de troupeaux, Fernando Pessoa, Gallimard, 1987, p. 111, dans le premier des poèmes désassemblés que Pessoa attribue à son hétéronyme Alberto Caeiro)
**: Caeiro poursuit son poème désassemblé:
Il faut également n’avoir aucune philosophie.
***: Comme on l'a fait pour le yoga, qui est tout autre chose que ce que l’on propose aujourd’hui, comme on l’a fait pour la méditation aussi: lisez par exemple (même si cela vous est insupportable) la revue réactionnaire Le Point de cette semaine qui en fait son titre de couverture: vous serez édifié.
P.S.: Dans le billet du 21 mai 2014 il était question d'une devinette.
Photographe, écrivain, sophrologue et enseignant de raja yoga, j’ai bourlingué des années en Asie et vécu longtemps dans des ashrams indiens. Lecteur de toutes les philosophies et amoureux de tous les silences, je vous livre ici mes fulgurances d’après ... silence.
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