FULGURANCES D’APRÈS SILENCE
18 Mars 2016
Si pour ces « yogis » aussi, la définition du yoga est bien celle de Patanjali, à savoir l’état du mental dans lequel la pensée est maîtrisée (Yoga sutra, I, 1), alors les acrobaties auxquelles ils s’adonnent s’apparentent à l’attitude de celui qui prend un fusil pour tuer une mouche.
Les postures de hatha yoga servant juste à préparer le corps à la posture assise en vue de méditer et maîtriser la pensée, se tordre exagérément, se mettre sur la tête des heures durant, saluer le soleil 108 fois à toute allure, ou encore se torturer le nez* à l’excès dans ce que ces « yogis » appellent des pranayamas, tout cela est parfaitement inutile et loin de cet esprit de mesure si commun dans l’antiquité (« Rien de trop », disaient les Grecs).
Une pratique de hatha yoga douce mais régulière, une respiration adéquate (plus abdominale que thoracique ou claviculaire) dans les postures comme dans la vie, une nourriture végétarienne et une éthique (yamas et niyamas, notamment ahimsa et aparigraha) devraient amplement suffire pour arriver à se concentrer naturellement (dharana), méditer (dhyana) et même peut-être un jour connaître le grand silence (samadhi).
*: Patanjali prétend que le mental sera contrôlé si ses « contacts » avec le monde extérieur sont coupés par la rétention du souffle (Yoga sutra, II, 49), mais Shankara, lui, rétorque que la respiration dépend du mental et non l’inverse. Dans les sutras 119 et 120 de Aparoksanubhuti, il dit ceci : « La négation du monde phénoménal est connu sous le nom de Rechaka (expiration), la pensée « Je suis Brahman » est appelée Puraka (inspiration) et le maintien de cette pensée est appelé Kumbhaka (rétention de la respiration). Ceci est le véritable sens du pranayama pour « l’éveillé », alors que l’ignorant, lui, se torture le nez (sous entendu avec des pranayamas alambiqués).
P.S.: Dans le billet du 18 mars 2014 il était question de volupté.
Photographe, écrivain, sophrologue et enseignant de raja yoga, j’ai bourlingué des années en Asie et vécu longtemps dans des ashrams indiens. Lecteur de toutes les philosophies et amoureux de tous les silences, je vous livre ici mes fulgurances d’après ... silence.
Voir le profil de Marc sur le portail Overblog