FULGURANCES D’APRÈS SILENCE
14 Janvier 2016
Ce qui différencie le voyageur du touriste, c’est que le premier privilégie le hasard. Il ne sait pas encore où il sera demain. Pour lui, demain est un autre jour forcément heureux.
Ce qui sauve la gazelle de Thompson*, c’est qu’elle fuit en changeant sans cesse de direction de façon aléatoire. Toute intentionnalité la condamnerait face au guépard qui la convoite car il pourrait alors prédire son parcours et l’attraper car il court plus vite qu’elle.
On voit donc que la spontanéité est parfois bien utile. Ce doit être aussi le cas pour le méditant. Celui-ci ne prépare, ne prévoit et n’attend rien. Il s’assied, il rêve, il s’écoute, il est là. Hélas, trop déconcertante pour un Occident calculateur de nature, la méditation désintéressée a été remplacée chez lui par des pratiques méthodiques et labellisées, aux antipodes de son essence (comme le yoga millénaire qui n’a rien à voir avec le hatha yoga enseigné la plupart du temps en Occident; plus encore là, il y a vol d’appellation).
Seule la longue fréquentation d’une Inde en voie de disparition permet encore de comprendre cette attitude naturellement méditative.
*: National Geographic en français d’avril 2015, p. 153
P.S.: Dans le billet du 14 janvier 2015 il était question d’une déduction au départ d’un joli poème, lucide et radical en diable.
Photographe, écrivain, sophrologue et enseignant de raja yoga, j’ai bourlingué des années en Asie et vécu longtemps dans des ashrams indiens. Lecteur de toutes les philosophies et amoureux de tous les silences, je vous livre ici mes fulgurances d’après ... silence.
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