FULGURANCES D’APRÈS SILENCE
13 Janvier 2016
Une des fulgurances les plus concises jamais écrites sur ce blog est : « La méditation ne s’apprend pas, la méditation apprend ».
Peut-être faut-il l’expliquer aujourd’hui. Permettez-moi d’employer une analogie peu ragoûtante pour ce faire: méditer, c’est en quelque sorte comme déféquer: cela ne s’apprend pas, c’est naturel. Quand vous êtes petit, votre maman ne vous dit pas : « Pousse! », non, cela vient tout seul. Et plus tard surtout, quand votre esprit sera plein, il se videra aussi naturellement. Cela s’appelle méditer.
Pour continuer encore un peu avec cette analogie susceptible d’indisposer certains (je leur demande de m’excuser), encore une ou deux choses:
N’était-ce pas quand votre mère insistait, vous croyant constipé ou tout simplement voulant bien faire, que cela ne « venait » plus ? Et de la même façon, n’est-ce pas quand on vous dit que vous méditez mal et qu’on vous propose de vous apprendre à bien le faire, que vous pourriez bien développer du dégoût pour cette activité mentale pourtant naturelle qu’est la méditation? Certains vont même aller jusqu’à vous faire miroiter des résultats particuliers, des « progrès » (ciblant l’égo, ce bon client toujours à la recherche de profits), ce qui va fausser votre regard sur la chose et vous éloigner d’elle en réalité. On va donc ainsi vous dégoûter de vous asseoir en silence, comme votre mère, peut-être, vous a dégoûté, un temps, de produire des émonctoires. Voulant dans les deux cas vous apprendre une chose, on vous l’aura, en réalité, désapprise.
Là où il faut peut-être arrêter de poursuivre dans l’analogie, c’est pour traiter de la seconde partie de la fulgurance (« La méditation apprend. »):
Déféquer vous apprend-t-il aussi quelque chose? Sur ce que vous avez ingéré hier, peut-être. II faut s’en débarrasser (comme le méditant doit se débarrasser des pensées récentes qui le perturbent, parfois inexplicablement). Mais hormis cela, je ne vois pas grand chose à « retenir » du passage aux WC. Alors que le temps passé en méditation, lui, vous apprend bien plus, et sur vous-mêmes et sur le monde. (Voilà pourquoi l’analogie entre ces deux activités naturelles a ses limites.)
P.S: Dans le billet du 13 janvier 2014 il était aussi, en quelque sorte, question des méfaits de l'effort: intervalle. On relira aussi avec profit (?) le billet du 8 septembre 2015 qui traitait lui aussi du caractère naturel de la méditation.
Photographe, écrivain, sophrologue et enseignant de raja yoga, j’ai bourlingué des années en Asie et vécu longtemps dans des ashrams indiens. Lecteur de toutes les philosophies et amoureux de tous les silences, je vous livre ici mes fulgurances d’après ... silence.
Voir le profil de Marc sur le portail Overblog