FULGURANCES D’APRÈS SILENCE
22 Avril 2014
« Tchekhov écrivit à deux reprises dans son journal: "Je n’ai été heureux qu’une seule fois dans ma vie, sous une ombrelle." Moi, j’ai été heureux à huit ans, en cheminant sur un sentier au milieu d’un pré, dans les environs de Milan. »
(Dino Risi, Mes Monstres, Editions de Fallois , 2014, Paris, p. 191)
« Je ne connais pas de matin en Afrique où je ne me sois pas réveillé heureux. »
Ernest Hemingway, La Vérité à la lumière de l’aube, Gallimard Folio, 1999, p. 26)
[Trieste,] je sais que nous nous reverrons. De notre rencontre il naîtra encore ce sentiment presque indéfinissable qui ressemble pourtant au bonheur. »
(Franck Venaille, Trieste, Editions du Champ Vallon, 1985, pp.95 & 96)
Dans le billet du 8 avril 2014, parlant du bonheur, j’émettais dans une parenthèse l’hypothèse que celui-ci est peut-être aussi une question de reconnaissance, à savoir un remerciement mais également une prise de conscience (c’est ce second aspect qui intéresse de prime abord le méditant, cet extraterrestre soucieux de déguster l’instant).
Dans la littérature, peu de gens disent avoir été heureux (c’est plutôt la tragédie de l’existence qui fait les « bons » livres). De Tchekhov à Risi en passant par Hemingway et Venaille, les quelques citations reprises plus haut semblent cependant bel et bien montrer que le bonheur est une question de prise de conscience, de réalisation, que ce soit sous une ombrelle, en ville ou sur un continent. De plus, son évocation, parfois des décennies après l'avoir (re)connu, fait penser que c’est une façon de dire merci à la vie pour ce qu’elle nous apporte de plus précieux. Ces deux sens du mot reconnaissance justifient sans doute qu’on en médite le très heureux rapprochement.
P.S.: Le billet du 22 avril 2009 était simple et direct: localisation.
Photographe, écrivain, sophrologue et enseignant de raja yoga, j’ai bourlingué des années en Asie et vécu longtemps dans des ashrams indiens. Lecteur de toutes les philosophies et amoureux de tous les silences, je vous livre ici mes fulgurances d’après ... silence.
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